Cette anecdote est proprement hallucinante, vous en conviendrez. Mais elle est vraie, authentique et nullement exagérée. Quand je veux qu’on me croit, je lance : « Sur la tête de mes enfants … ». Alors je vous la pitche drette là : tout y est vrai.
En 1982, j’ai fait le tour de la province. Je suis allé presque partout pour « booker » un show d’hypnose dans les écoles secondaires. Le bonhomme affichait le nom de LUCIFER (ce qui m’agaçait un peu …) mais le spectacle était parfaitement adapté aux écoles. Ce vieux showman, parfaitement en maîtrise de sa technique acquise dans les bars, avait conçu une approche intelligente de l’hypnose adaptée pour le public scolaire. Humour évidemment, mais aussi explication de la chose et démystification des pouvoirs supranormaux.
Ayant assisté à quelques prestations, impressionné par le charisme de ce vieux bougre et par les salles pleines dans les écoles des régions, je me suis lancé dans cette gérance en association avec mon beau-frère. Dans cette année, j’ai vraiment bourlingué mon Québec et je suis allé partout pour convaincre les directeurs d’école d’accepter notre show. Succès fulgurant ! Et payant malgré le prix d’entrée fixé à $2.00.
Sceptiques vous êtes ? Exemple : à Saint-Georges de Beauce, mettons 500 entrées. Recette de $1,000 réparties comme suit : $200 pour l’école (20% des recettes garanties), $400 pour Lucifer, $200 pour mon beau-frère et $200 pour moi. Voilà le premier jour de la semaine. Et il y en avait quatre autres, parfois moindres, mais parfois meilleurs.
Mais je m’éloigne de mon sujet. Je suis sur la route pour le booking. Nous attaquons l’Abitibi-Témiscamingue. Fin d’aprem, nous avons réglé Lebel-sur-Quevillon. Direction Matagami. Très haut par en haut … On arrive vers les 19 heures. Un seul hotel-motel pour crécher. Après l’enregistrement de la chambre, nous entrons dans le bar.
Choc ! La musique joue mais il n’y a que deux personnes … qui jouent au billard. Un client (le seul), jeune vingtaine, et la serveuse. Mais la serveuse ! Elle est grande, belle, élancée et … complètement à poil. J’écris poil, mais je n’en vois aucun. Je dis bien : aucun. Le crâne, les aisselles et la vulve totalement rasées. Comme une martienne dans ce bled très isolé. Je (nous) sommes très impressionnés.
La demoiselle nous sert et retourne finir sa partie de billard. Puis, le match terminé, son adversaire vient s’asseoir à notre table. Bla bla bla, placotage apéritif. Apprenant que nous roulons un peu partout au Québec pour les spectacles, ce jeune homme avance qu’il connaît le Québec, qu’il est allé absolument partout et qu’il connaît absolument toutes les places dans toutes les régions.
Bof ! Une grande gueule, que j’me dis. On insiste un peu : quand même, il n’est pas allé partout. Le gars ne bronche pas : il est allé partout. Même qu’il insiste. « Nommez-moi n’importe quelle place, j’vais vous prouver que j’y suis allé … ».
Regard complice avec mon beauf … Je le laisse commencer.
Plessisville ?
Aucune hésitation. Le géographe nous situe la place, sur le bord de la 20.
C’est à mon tour. Je sais que je vais le fourrer. Plessisville, c’est quand même, genre, 15,000 habitants et c’est un peu connu. Alors je pense à Mayo (oui, oui, ça existe) un bled de (genre…) 175 habitants situé à une vingtaine de milles de mon village natal de Thurso dans l’Outaouais. C’est impossible que le gars connaisse la place …
Hallucination ! Le gars me dit à peu près : « Ouais ! Tu peux prendre la route à Buckingham oubedon à Thurso et, à la jonction des routes, ya une belle église protestante blanche … ». Right on the target !
Hey ! Là, je suis à presque 500 milles de chez nous et je n’en crois pas mes oreilles. C’est quoi son truc ? Le beau-frère relance avec une autre place : réponse impeccable. Je m’essaie avec Clerval, un bled minuscule plus bas en Abitibi, où des amis (Luc et Agathe) se sont réfugiés ya 10 ans avec des projets fermiers macrobiotiques.
Le martien me répond : « Ben là, tu me niaises … C’est pas loin d’icitte. J’ai même des amis dans le coin qui sont très zen et qui cultivent … ». Pouvez-vous imaginer ma face qui allonge ? Non, c’était pas MES chums dont il parlait mais, probablement des voisins.
On a bien essayé de le fourvoyer avec quelques autres villages (pas trop quand même) et l’étrange personnage savait tout. Vraiment. Mais comment expliquer ce phénomène ? Toujours un mystère, 25 ans plus tard. Me souviens aussi que, plus tard dans la soirée, les gens arrivant dans la place, le jeune martien avait sorti de son pack-sac une flûte traversière et s’était mis à jammer avec l’entourage et la musique ambiante.
Une rencontre mémorable.
Et je termine ce post en le dédiant à Zoreilles, la merveilleuse abitibienne à qui j’avais promis de raconter cette étrange soirée de ma vie.
Euh excuse moi mais tu nous agace avec une grande fille à poil pis tu pars avec un gars calé en géo? Non mais ça va pas!!! C'est tu l'âge coudonc! ;-))) A+
RépondreSupprimerC'était ma fête quand je l'ai pondu. Give the guy a break ...
RépondreSupprimerTrès bon texte. Mais je suis assez d'accord avec Pierre Léon. T'as jamais cherché à connaître le pourquoi du quoi la serveuse était completement nue? On a beau être en Abitibi, me semble que c'est pas commun comme uniforme de travail.
RépondreSupprimerReculé dans les bois, faut s'attendre à tout ou presque. Et surveiller les érections. Mais viaaarge, c'est le jeune flyé qui nous a médusés.
RépondreSupprimerD'ailleurs, Matagami n'est plus en Abitibi. À cette hauteur, on parle de l'entrée pour la Baie James. Les moeurs étaient plus lousses semble-t-il. Mais quelle image dans ma tête ...
RépondreSupprimerBon, attendez un peu là, on va commencer par respirer par le nez...
RépondreSupprimer1) Merci Crocomickey pour ton histoire si joliment racontée, je ne doutais pas une seconde que tu étais le genre de gars à respecter ses promesses.
2) Matagami est la petite ville minière où j'ai grandi, d'où je garde des souvenirs impérissables d'une enfance heureuse dans une ville du Nord en train de voir le jour mais, comme de raison, je me tenais pas au Motel Matagami, MOI!
3) La martienne, c'était sûrement pas une fille de la place, ça a toujours été la coutume que « les shows » nous étaient vendus ou proposés par les gens du sud, comme ton histoire le démontre bien, Croco!
4) Matagami fait partie de la région Nord-du-Québec, c'est une ville qui a vu le jour en 1963 par l'exploitation de 3 mines qui employaient à gros salaires des travailleurs formés sur place, des aventuriers. Une petite ville minière où ça manque de femmes, mais pas d'argent, où l'alcool coule à flot, la dope avec.
5) Le martien, par exemple, lui, il devait être un gars de la place. Parce que les gens d'ici voyagent énormément.
Matagami, Crocomickey, ça laisse toujours dans l'imaginaire des traces indélébiles!!!
Tiens, j'y repense, hier, c'était ta fête et c'est moi qui ai reçu de toi un cadeau!!!
RépondreSupprimerEt pour ajouter un autre grain de sel, puisque tu parles de Matagami et de danseuse nue... Une histoire drôle, mais assez pathétique finalement, a mis sur ma route, en décembre dernier, Ginette, la petite fille d'en face, sur la rue Rupert à Matagami. Elle et moi, on était toujours ensemble. Nous faisions un duo dynamique, elle était fonceuse comme dix et moi, super organisée.
Nous sommes déménagés de Matagami quand j'avais 12 ans, ça faisait donc 37 ans que je n'avais pas revu Ginette. J'avais tellement hâte...
J'ai retrouvé une femme brisée de tout son être. De 18 à 30 ans, elle a été danseuse nue... mais pas à Matagami!
Les larmes aux yeux, elle m'a dit : « Raconte-moi encore notre enfance, je voudrais me rappeler que j'ai déjà été heureuse... »
J'espère que la serveuse n'était pas enveloppées de vaseline en plus...
RépondreSupprimerCroco,
RépondreSupprimeron dirait que le Matagami de Zoreilles, et celui que tu as vu, sont situés sur deux planètes différentes (normal avec la martienne pas frileuse. Brrrr!), mais c'est vrai que ton histoire est hallucinante, même si elle est véridique.
Démystifier l'hypnotisme, ce doit être intéressant, car l'hypnose me fait peur. La perte de contrôle sans doute, même si je sais très bien qu'il est impossible d'obliger quelqu'un à faire quelque chose qu'il ne ferait pas à l'état d'éveil.
Tu es unique, et ne change surtout pas !!!
Super marrante ton Histoire Croco! Au juste, tu te souvient du nom de l'hotel? Je suis trop Jeune pour avoir connu Matag avec seulement 1 hotel, puisqu'on en compte 3 maintenant... mais je crois que le plus ancien, est L'hotel/motel Bell, avec sont nom écris en grosse lettre lumineuse orange sur le toit....
RépondreSupprimerZoreille, ca va te dire quelque chose: J'ai grandis deriere chez toi, sur la Rue Vanier, au 34 Vanier plus exactement. La maison mobile que nous habition n'est plus sur le terrain, mais mes parents habite toujours le quoi, sur la Rue desTrembles, pres de la rivière...Tu habitais Matagami de quelle année a quelle année???
moi je demeure a matagami depuis novembre 1974 moi et mon epouse on a eu 4 filles qui vive ici et maintenant on a 10 petits-enfants je suis a la retraite depuis 1994 mon surnom est chevreuil connu comme barabase dans la passion et je vais finir ma vie ici car jaime ma ville et je ne changerais pas de place pour tout lor au monde surtout pas pour Montreal on est peut-etre recule comme les gens des autres regions disent mais on est heureux et on respire lair pure sur ces mots je vous laisse reflechir.
RépondreSupprimerbravo pour votre blog
RépondreSupprimerune de mes chansons
sur Matagami
MARIAGE A MATAGAMI
j’travaille
su l’chiffre de nuit
dans une mine de Matagami
je roule
11 heures par jour
la lumière dans l’front
mon amour
j’travaille
su l’chiffre de nuit
dans une mine de Matagami
je roule
11 heures par jour
la lumière dans l’front
mon amour
EN HAUT
tu vis à St-Jean
sur Richelieu St-Jean
t’as 26 ans pis
ta bedaine
porte mes joies
et mes peines
j’ai 21 ans
j’attends un enfant
de mon 3 et demie
à ton 5 et demie
1000 kilomètres
de pluie
COUPLET 2
après 4 chiffres de nuit
das une mine de Matagami
je roule 11 heures de jour
ma lumière c’est toé mon amour
apres 4 chiffres de nuit
dans une mine de Matagami
je roule 11 heures de jour
ma lumière c’est toé mon amour
EN HAUT
vendredi le 16
de mai on s’marié
j’aurai juste le temps
d’enlever l’zink
sur mes erreurs
de vie
ton corps est falaise
j’escaladerai tes cris
je jure d’être fidèle
à toi la plus belle
à toi la mère
de mon petit
COUPLET 3
j’tiens l’coup
su l’chiffre de nuit
dans une mine
de Matagami
j’roulerai
11 heures de jour
jeudi l’15 de mai
mon amour
j’tiens l’coup
su l’chiffre de nuit
dans une mine
de Matagami
vendredi l’16 de mai
je serai enfin
ton guerrier ton amant
ton ami
ton paisible protecteur
de vie
ton honorable
mari
FINALE
j’tiens l’coup
su l’chiffre de nuit
dans une mine
de Matagami
Pierrot
vagabond céleste
Pierrot est l'auteur de l'Île de l'éternité de l'instant présent et des Chansons de Pierrot. Il fut cofondateur de la boîte à chanson Aux deux Pierrots. Il fut aussi l'un des tous premiers chansonniers du Saint-Vincent, dans le Vieux-Montréal. Pierre Rochette, poète, chansonnier et compositeur, est présentement sur la route, quelque part avec sa guitare, entre ici et ailleurs...
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