Je vous parle d’un temps
Que les moins de 20 ans
Ne peuvent pas connaître
(Charles Aznavour)
En intro pour ma bloguerie d’aujourd’hui, je reprendrais les paroles du grand Charles mais en changeant le chiffre 20 par le chiffre 40, ce qui pourrait intriguer quelques lecteurs ou lectrices de ce blogue. Il faut donc avoir clanché la quarantaine depuis quelques années pour avoir dans la mémoire vive des traces de cette fameuse tempête du siècle qui avait couvert le Québec de quelques pieds de neige au début du mois de mars 1971.
J’étais arrivé à Montréal depuis à peine six mois pour mes études collégiales. Chambreur chez tante Jacqueline, oncle John et mes deux jeunes cousins Phil et Patrick. J’aimais bien la ville (je l’adorais même) mais à toutes les deux semaines, je retournais voir mes parents et mes soeurs à Labelle dans les Laurentides. Trois grosses heures d’autobus Voyageur le vendredi soir et trois autres le dimanche soir pour revenir à MON tréal.
Étrangement, mes souvenirs de cette fameuse tempête sont plutôt flous en ce qui concerne la grande ville. Du blanc de blanc, bien sûr. Le collège fermé. La circulation minimale dans les rues. Non je n’ai pas vu les motoneiges. Mais … me croirez-vous, malgré ce chiard incroyable, je suis bravement retourné à Labelle pour carrément épater les miens, au grand dam de ma tante montréalaise.
Oubliez Voyageur et ses autobus totalement inutiles. En fin d’avant-midi, pack sac sur le dos et guitare dans l’étui, j’ai pris le métro pour débarquer à la gare Windsor dans l’ouest, acheté un billet pour le Petit Train du Nord qui terminait son périple à … Labelle. Délais et attentes, assis par terre dans un racoin de la grande salle à gratter les mêmes accords des deux mêmes tounes des Beatles que je connaissais.
Début de soirée, je peux enfin embarquer dans le kriss de train, juste avant que ma patience proverbiale me fasse perdre tous mes moyens. C’est le bordel total dans le wagon où j’aboutis. Plein d’étudiants euphoriques, plusieurs ivres et la totalité enclins à fêter le départ inespéré de la locomotive.
Une chorale incroyable. La musique en gros jam majuscule. Bien sûr que j’ai sorti ma Norman B30 et bien sûr que je n’ai PAS joué, préférant la laisser à quelqu’un qui savait en tirer quelque chose de potable. Mais j’ai chanté-hurlé en … tabouaire pour être poli avec vous.
On a perdu des joueurs à Sainte-Thérèse, Saint-Jérôme, Sainte-Adèle et Sainte-Agathe. J’avais presque perdu la voix quand le train s’est arrêté à Labelle peu avant minuit. Je me souviens très bien que j’étais l’unique et dernier passager dans mon wagon.
Accueilli comme un véritable héros par les miens, je suis revenu trois jours plus tard à Montréal en autobus pour reprendre ce beat urbain que j’affectionne toujours trente-huit années plus tard. Pour un ti-cul de 18 ans avec six petits mois d'expérience urbaine, ce fut une authentique ... épopée.
Que les moins de 20 ans
Ne peuvent pas connaître
(Charles Aznavour)
En intro pour ma bloguerie d’aujourd’hui, je reprendrais les paroles du grand Charles mais en changeant le chiffre 20 par le chiffre 40, ce qui pourrait intriguer quelques lecteurs ou lectrices de ce blogue. Il faut donc avoir clanché la quarantaine depuis quelques années pour avoir dans la mémoire vive des traces de cette fameuse tempête du siècle qui avait couvert le Québec de quelques pieds de neige au début du mois de mars 1971.
J’étais arrivé à Montréal depuis à peine six mois pour mes études collégiales. Chambreur chez tante Jacqueline, oncle John et mes deux jeunes cousins Phil et Patrick. J’aimais bien la ville (je l’adorais même) mais à toutes les deux semaines, je retournais voir mes parents et mes soeurs à Labelle dans les Laurentides. Trois grosses heures d’autobus Voyageur le vendredi soir et trois autres le dimanche soir pour revenir à MON tréal.
Étrangement, mes souvenirs de cette fameuse tempête sont plutôt flous en ce qui concerne la grande ville. Du blanc de blanc, bien sûr. Le collège fermé. La circulation minimale dans les rues. Non je n’ai pas vu les motoneiges. Mais … me croirez-vous, malgré ce chiard incroyable, je suis bravement retourné à Labelle pour carrément épater les miens, au grand dam de ma tante montréalaise.
Oubliez Voyageur et ses autobus totalement inutiles. En fin d’avant-midi, pack sac sur le dos et guitare dans l’étui, j’ai pris le métro pour débarquer à la gare Windsor dans l’ouest, acheté un billet pour le Petit Train du Nord qui terminait son périple à … Labelle. Délais et attentes, assis par terre dans un racoin de la grande salle à gratter les mêmes accords des deux mêmes tounes des Beatles que je connaissais.
Début de soirée, je peux enfin embarquer dans le kriss de train, juste avant que ma patience proverbiale me fasse perdre tous mes moyens. C’est le bordel total dans le wagon où j’aboutis. Plein d’étudiants euphoriques, plusieurs ivres et la totalité enclins à fêter le départ inespéré de la locomotive.
Une chorale incroyable. La musique en gros jam majuscule. Bien sûr que j’ai sorti ma Norman B30 et bien sûr que je n’ai PAS joué, préférant la laisser à quelqu’un qui savait en tirer quelque chose de potable. Mais j’ai chanté-hurlé en … tabouaire pour être poli avec vous.
On a perdu des joueurs à Sainte-Thérèse, Saint-Jérôme, Sainte-Adèle et Sainte-Agathe. J’avais presque perdu la voix quand le train s’est arrêté à Labelle peu avant minuit. Je me souviens très bien que j’étais l’unique et dernier passager dans mon wagon.
Accueilli comme un véritable héros par les miens, je suis revenu trois jours plus tard à Montréal en autobus pour reprendre ce beat urbain que j’affectionne toujours trente-huit années plus tard. Pour un ti-cul de 18 ans avec six petits mois d'expérience urbaine, ce fut une authentique ... épopée.
Tu te racontes bien :)
RépondreSupprimerPis elle est belle ton histoire sur la tempête de '71, la plusse belle que j'ai entendu depuis les reportages spécial d'hier.
Que tu écris bien mon grand frère!
RépondreSupprimerDe mon côté, je ne me souviens que de mon angoisse du haut de mes 11 ans lors de cette tempête!
Rivée devant la télé - je le suis toujours à chaque fois qu'une catastrophe se produit - je me rappelle cette annonce d'une femme enceinte prête à accoucher et qui était prise chez elle dans la tempête... Panique dans mon coeur...
Et puis l'annonce qu'un homme était allé la chercher avec sa motoneige pour la conduire à l'hôpital...
Je me suis détendue et ai profité de la neige blanche quand on a annoncé aux nouvelles que tout revenait à la normale dans le pays de mes 11 ans...
L'angoisse, quel sentiment paralysant!
Elles ont raison, Croco, celles qui me précèdent... Tu racontes tellement bien. J'étais là dans le train avec toi, à chanter. Tu m'as même prêté ta Norman!
RépondreSupprimerVivre cette tempête de neige avec toi, c'était du vrai bonbon!
Les anecdotes personnelles sont toujours intéressantes, surtout lorsqu'elles sont si bien racontées. Et celle de Talou l'est aussi. En 71 je n'étais pas à Montréal mais j'en ai entendu parler de cet hiver-là. C'est le premier ici (hiver), en ce qui me concerne que je vois autant de neige.
RépondreSupprimerTout comme Dopa, ta soeurette, Zoreilles et Lise, je ne peux que m'incliner devant la beauté de ta plume. :-)
RépondreSupprimerEt comme Zoreilles, j'étais dans le train à chanter à tue-tête avec toi !
Oui, ce fut une tempête mémorable et "Montmartre en ce temps-là - Accrochait ses lilas - Jusque sous nos fenêtres -... On les attend, ces fameux lilas, on les attend de pied ferme !
J'ajoute ma voix...
RépondreSupprimerUne histoire qui donne des accords dans les yeux. :)
L'énergie des 18 ans, tout l'espoir de la vie devant soi, toutes les folies permises, l'interprétation de n'importe quelle situation pas si catastrophique que ça, au fond, avec ces yeux.
Comment fait-on pour garder ça?
Te lire me semble être un bon moyen, tiens!
Zed
@ Zed blog
RépondreSupprimerMais que voilà un compliment joliment tourné !
;-)
RépondreSupprimerZed