samedi 13 décembre 2008

Contes Urbains : mes trois étoiles

Cette 17ième version des Contes Urbains s’est avérée très satisfaisante pour le vieil habitué que je suis (j’ai quand même vu les 16 dernières …). Alors simplement, je vous parle de mes trois étoiles de la soirée.

Première étoile

LE CŒUR TORDU D’LA FILLE de Josée Bilodeau par David Boutin.
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Le conteur était, nul doute là-dessus, le plus connu des sept conteurs de la soirée. On retiendra de cette performance que c’en est une d’acteur avant tout. Ouf ! Quel personnage rendu par David Boutin. Un espèce de névrosé quelque peu déficient qui fait tout ce qu’il peut pour contenir sa rage et sa violence. Et qui n’en revient pas de voir les gens sur la rue demeurer complètement indifférent à cette scène où un gars malmène sa blonde en public. Il ne se peut plus. Malgré tout, la salle est crampée de rire devant les tics nerveux et les gestes incontrôlés du conteur. Il DOIT aller défendre cette fille. Il le FAUT. Le salopard brasse et frappe sa blonde devant tous ces gens qui viennent de sortir de la messe de minuit et personne ne dit mot. Alors il y va et paf ! se met à fesser le gars dans la face. Une douzaine de coups de poing où Boutin mime la frappe en frappant dans sa main avec une rare violence. Il est pourpre avec tout ce sang accumulé dans le cerveau. Il arrête, la fille vient le supplier de ne pas recommencer et lui demande pourquoi il a fait ça ? La police arrive et notre grand défenseur est arrêté : c’était du théâtre public et les deux comédiens voulaient tester la réaction des gens face à la violence. Quand même, la comédienne est venue lui offrir des fleurs dans sa cellule …

Deuxième étoile

QUEUE DE RACONTE-ART de Greg MacArthur par Emmanuel Schwartz
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Ce très grand et longiligne conteur, habillé très négligé est … un artiste voyez-vous. Il peint sur les murs de la ville, notamment ces énormes dinosaures, sa marque de commerce. Il aime bien travailler la nuit parce qu’il est seul dans la ville et voilà justement qu’une de ces nuits, il décide de graffiter la crèche extérieure de la ville. Un slogan qui dénonce une des très nombreuses causes qui trottent dans sa tête « artistique » ey que seuls les vrais humains peuvent comprendre. Les policiers le prennent sur le fait, l’asperge avec sa propre peinture (tiens l’jeune : en v’là de l’art !) et lui remette une contravention de … $2000. Il est en bô tabar … mais découvre, une fois revenu chez lui, une petite annonce dans le journal s’adressant spécialement aux artistes engagés qui offre d’être cobaye pour une seule journée (avec retour dé vérification une semaine plus tard) pour la somme de … Eh oui ! : $2000. Notre enragé ira, bien sûr, chez la Harper Pharmaco, dans un coin désaffecté de la ville, prendre son unique pilule qui lui causera bien des soucis quelques jours plus tard, notamment une espèce de queue qui lui est poussée dans le cul après moultes démangeaisons plus tordantes les unes que les autres. Un Emmanuel Schwartz très expressif, très drôle malgré sa déveine et finalement très heureux dans le nouveau quartier huppé Harper avec toutes les commodités fournies gratis …

Troisième étoile

MA SŒUR MANGE DES BOULES d’André Ducharme par Sébastien René
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Et pas n’importe quelle boules mes amis : des boules de Noël qui lui coupent l’intérieur de la bouche avec des coulées de sang etc etc. Et tout ça nous est raconté bien ordinairement par son petit frère qui trouve ça bien normal. Même le papa, mort et exposé sur la table de la cuisine, ne trouve rien à redire puisque les enfants lui ont donné un bô cadeau : un pigeon mort gonflé et gros comme une poule … Le comédien Sébastien René fait à peine 5 pieds avec une face de chérubin. Habillé propre comme un ti-cul à Noël. Et il nous débite toutes les horreurs que lui et sa sœur ont pu faire avec l’épluche-patate pour éviscérer la voisine et le couteau électrique à dinde pour calmer … l’homme de la maison. Tout ça dit avec un naturel désarmant. Le ti-cul trouve ça weird que les gens ne comprennent pas. Malgré toutes ces atrocités décrites en détail, la salle de la Licorne fait des grimaces, oui, mais avec des sourires accrochés dans la face. Le ti-cul est hallucinant et décroche les éclats de rires aux 15 secondes, même en n’utilisant qu’une mimique comme argument. Chapeau !

Voilà ! C’étaient mes coups de cœur pour le cru 2008 des Contes Urbains. Jusqu’au 20 décembre tous les soirs à la Licorne avec une supplémentaire le samedi 20 décembre en après-midi.

5 commentaires:

  1. C'est heavey et pèté en même temps la production artistique est free for all, l'interprétation laisse libre court a l'improvisation j'imagine. Ça me fait penser a Ding et Dong mais eux, c'étais plus axé vers l'humour brut, voire le néo-burlesque des années 90. Après 16 ans ils ont sûrement comme toi une clientelle assuré. Ciao Mikey.

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  2. Merci de partager ces contes si merveilleux avec tes lecteurs, Mickey ! J'aimerais bien me retrouver à Montréal pour aller les entendre, mais je ne peux malheureusement pas m'absenter ces temps-ci...

    La Licorne, dis-tu ? Si ma mémoire est bonne (et elle l'est, normalement), j'y ai fait mes premières armes à titre de chanteuse-interprète avec mon copain Ehprem (François Desjardins), vers le début des années '70... Ciel de cornemuse, je l'ai roulée en ti-ti ma bosse, pas vrai ? Tiens, un autre que je cherche depuis longtemps... Me demande ce qu'il est devenu, mon Ehprem... :-O

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  3. La Licorne est sur le bord Est de Papineau, juste un peu au nord de Mont-Royal...

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  4. Rosie la Diva. J'aime bien comme image ...

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  5. Je suis toute rouge là, Mickey... Oui, me souviens exactement où se trouve La Licorne. Nostalgie, quand tu nous tiens !

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