mercredi 8 février 2012

Naguère ...

Nous étions quatre, attablés au Petit Resto, un secret bien gardé du Plateau où on apporte son vin et où le rapport qualité-prix de la bouffe est au summum. Belle soirée avec Yvan, Bim et Élyse. Ça placote en grand. Quatre verbo-moteurs qui discutent de tout et de rien.

Me rappelle pas vraiment de quoi nous jasions, mais soudainement, j’interviens dans la discussion en amorçant ma phrase à peu près comme suit : Oui, mais NAGUÈRE, ç’était pas pareil et bla bla bla …
Oups ! Pendant une fraction de seconde, après ma courte phrase, j’ai eu comme un arrêt-du-temps. Quelque chose ne fonctionnait pas …
Et mes trois interlocuteurs ont confirmé mon malaise (genre) en me fixant instantanément des yeux avec une sorte d’interrogation dans le regard.
Hey ! Naguère … Je n’utilise jamais ce mot dans mes conversations. Jamais. Dans mon quotidien, mettons que ch’parle comme tout l’monde qui m’entoure. Avec un ti-peu plus de vocabulaire que la moyenne, mais bon, rien pour écrire à sa mère. Quand j’écris, c’est forcément plus recherché et planifié et c’est normal. Mais dans la parlure de tous les jours, je ne me démarque pas de mes semblables et je l’assume fort bien.
Mais ce bizarre NAGUÈRE, lancé fortuitement (ouf !) dans la discussion, nous a tous laissés pantois (re-ouf !). De kessé qui s’est passé dans mes neurones ? Après la surprise du moment,  mes amis souriants ont affiché une certaine moquerie amicale et j’ai tenté, sans succès, d’expliquer l’usage étrange de cet adverbe quasiment périmé. S’en est suivi une discussion sur la qualité du langage au sens large, interrompue par … l’arrivée de nos desserts sublimes.
L’anecdote date de deux ans (minimum) et les trois salopards me glissent encore à l’occasion, devant les autres, avec un léger sourire narquois, un petit naguère bien calculé …

Essayez de placer un NAGUÈRE dans une de vos conversations. Vous m'en donnerez des nouvelles ...


17 commentaires:

  1. J'adore ton billet. Du bonbon!

    Mais pas du bonbon cheapette en sac à l'épicerie emballé individuellement, nenon nenon... Du bonbon à'cenne en arrière d'une vitrine pleine des traces de doigts d'enfants, du bonbon choisi consciencieusement, quand t'as rien que 5 cennes à dépenser comme c'était le cas naguère?

    J'en veux encore!

    Je me suis reconnue dans ce que tu dis. Parce que j'ai plusieurs niveaux de langage, un quand j'écris pour la job, un autre quand j'écris pour mon plaisir et encore un autre, tellement loin de ça, quand je parle au monde. Et il m'arrive parfois dans ce cas-là de me tromper de niveau pour un mot ou une expression qui « fitte pas pantoute » dans mon langage parlé. Ça crée un malaise instantané effectivement!!! Tant mieux si l'on est bien entouré à ce moment-là et qu'on puisse en rire.

    Moi, j'ai une cousine qui m'a déjà dit, alors qu'elle était pas mal pompette : « Depuis que je te connais mieux, je te trouve donc fine, pis pas gênante, pis je vais leur dire à mes soeurs que c'est pas vrai que t'es snob! Parce que nous autres, on t'a toujours trouvée snob... »

    Elle pensait me faire un compliment mais maudit que ça m'avait ébranlée!!!

    Faut pas trop se tromper souvent de niveau de langage, autrement dit!

    (Mais aujourd'hui j'en tire bien d'autres conclusions plus profondes que ça quand même!...)

    RépondreSupprimer
  2. Pas surpris du tout de ta réponse. On nage un peu dans les mêmes eaux ...

    RépondreSupprimer
  3. Moi aussi, naguère, je vendais ces fameux bonbons en arrière du vitrine pleine des traces de doigts ...
    Et je n'avais qu'à dire: "branche-toé donc! j'ai pas yenk ça à faire !"

    RépondreSupprimer
  4. Moi, Facto, les petits qui venaient acheter des bonbons à'cenne, c'était mes clients préférés! J'avais un fun incroyable avec ces petits-là, c'était drôle de les voir analyser, comparer et finalement, se décider entre des cigarettes Popeye, des colliers de bonbons, des framboises en jujubes, des soucoupes volantes en hostie avec des ti bonbons dedans, des boules noires, des « négresses » (on avait le droit de dire ce mot-là naguère) des réglisses rouges ou noires, des caramels, des fraises en guimauves qui tachent les dents, de la gomme Bazooka avec des comiques même pas comiques écrits en bilingue, des grandes barres de KooKoo brun-blanc-rose pour imiter la crème glacée napolitaine, des Cracker Jacks, des cartes de hockey avec la palette de gomme qui embaumait tout le paquet, en veux-tu d'autres?

    J'étais ado, je travaillais chez Lou's Tobacco Shop à 1,55 $ l'heure, le salaire minimum à l'époque du naguère (!), et je donnais aux petits les sous qui manquaient pour avoir ce qu'ils désiraient. J'étais honnête à mort, j'aurais jamais volé un petit bonbon à mes patrons mais je pouvais juste pas dire non aux petits...

    Ceux qui me tapaient sur les nerfs, c'était les bonhommes de la mine qui tétaient une liqueur « pour boire icitte » en me chantant la pomme!

    RépondreSupprimer
  5. J'ai beaucoup de gens que je rencontre dans mon village, qui me rappellent, avec joie, l'époque "NAGUÈRE" où vous nous vendiez des bonbons à cenne! Vous étiez notre bonheur de la journée et quelle patience vous aviez. Moi, c'étaient les framboises à deux pour une cenne mon meilleur vendeur.
    Snifff! moi, je n'avais pas "NAGUÈRE" de vieux messieurs qui me faisaient la cour!

    RépondreSupprimer
  6. Naguère! Naguère! C'n'est pas une raison pour se faire mal! :)

    RépondreSupprimer
  7. Arrêtez de me frapper avec vos kliss de NAGUÈRE !!!

    :-)

    RépondreSupprimer
  8. @ Zoreilles

    Quelle mémoire de ... bonbons !

    RépondreSupprimer
  9. Deux ans ! c'était jadis alors !
    Bien narrée l'affaire en tous cas.

    RépondreSupprimer
  10. Vérifié dans l'dico. Naguère, quoique peu usité, l'est souvent mal, car exprime un passé récent.
    J'y penserai pour mes futures causeries !

    RépondreSupprimer
  11. Merci monsieur le prof d'outre-mer

    :-)

    RépondreSupprimer
  12. Selon Antidote:

    Le mot "n'a guère" date du 12è siècle. Ça veut dire: "il n'y a pas longtemps", ne pas confondre avec jadis ou autrefois.

    RépondreSupprimer
  13. Très drôle ce billet!

    Toujours selon Antidote, son indice de fréquence serait moyen. Il serait donc employé quelque part. Chose certaine, sur ce blogue, il revient souvent!

    J'ai trouvé cette phrase prononcée au XIIè siècle par je ne sais qui (sic) et qui comporte le mot naguère:

    « Sire, mal ne dolor n’eüsse se an grant dotance ne fusse de mon seignor ; mes ce m’esmaie qu’il n’a gueires manbre sanz plaie. »

    C'est pas clair ça? Parait que c'est du français!

    Répétez cette phrase à vos copains, ils en seront coi! Quoi? Coi!

    C'est drôle d'apprendre qu'un mot inventé il y a longtemps et qui signifie "il n'y a pas longtemps" soit régulièrement accompagné du mot "jadis" qui lui veut dire "il y a longtemps".

    Et on se demande pourquoi les immigrants éprouvent de la difficulté à apprendre notre langue.

    Accent Grave

    RépondreSupprimer
  14. En effet, comme l'écrit Accent grave, "guère" veut dire peu, pas beaucoup, pas souvent et naguère est la contraction d'"il n'y a guère de temps", il n'y a pas longtemps. À l'inverse de jadis, qui nous amène dans des temps plus reculés.

    RépondreSupprimer
  15. Bravo. On est tous fixés maintenant !

    Ne reste qu'à l'utiliser ...

    RépondreSupprimer
  16. Jadis =Þ , là où j'ai connu le Crocodidyle, il faut admettre qu'il s'exprimait avec un vocabulaire dominant sérieusement celui des autres. Pire encore, il écrivait tous ses mots en entier! Sans abréviation et ce, sans faute!! Anciennement il parlait, il ne ''perlait''! Dieu qu'il semble avoir changé! =)

    P.S.(1) Étant donné que je n'ai, ni D.E.C., ni B.A.C. en informatique et que je suis plutôt ''Technouille'' et que je me suis usée à tenter de m'inscrire et à demeurer active sur le blogue, je vais utiliser l'identité ''anonyme'' mais je vais signer : BlackBird=)

    P.S. (2) Il est fort possible que je ne puisse jamais retrouver mon chemin pour revenir. Si d'ici un mois, je ne suis pas repassée, veuillez afficher ma photo sur les pintes de lait en y inscrivant :

    Recherchée : BlackBird, Technouille professionnelle,
    5 pieds et 1 pouce,
    ayant été vu pour la dernière fois au Coeur du Québec.
    Elle a quitté son salon, sans son G.P.S. et s'est probablement égarée entre le passage, le bureau ou dans les méandres du ''Net''.

    Si vous l'apercevez, veuillez contacter immédiatement son mari, ses deux fils et sa petite chatonne(qui doit déjà être en train de crever de faim) (ahh ces gars!) au numéro :
    819-555-5555 ou
    La pagette de Claude Poirier.

    BlackBird, Chew là!!

    RépondreSupprimer
  17. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer