Maurice, c’est mon père. Sa vie s’éteignait au début des années 90, victime de la maladie d’Alzheimer. Derniers quinze mois difficiles pour ses proches avec notre incompréhension de cette déchéance mentale d’un homme intelligent, voire même brillant et, avant toute chose, passionné par la famille. Celle dont il émergeait et celle qu’il a créée (wow, trois E en ligne …) avec Cécile.
Aujourd’hui, j’y vais dans la confidence. Rien de scandaleux, bien sûr, et rien de spectaculaire non plus. Mais un soupçon de mystère que je n’ai pas résolu et qui flottera longtemps dans l’éternité. Anecdotique certes, mais aussi énigmatique pour ne pas dire troublant.
Mon cher Maurice, retraité et septuagénaire, n’est pas très « bougeant » dans ce logement montréalais qu’il occupe avec Cécile depuis une dizaine d’années, la presque totalité de sa carrière de banquier s’étant déroulée en région (Gaspésie, Outaouais et Laurentides).
Cécile étant partie une semaine chez ses sœurs à Lachute, je décide d’aller passer une soirée avec Maurice et même d’y dormir, quitte à expliquer un léger retard au boulot le lendemain matin.
Petite parenthèse pour vous confier que Maurice, depuis le début de sa retraite, était devenu un champion-expert de mots-mystères. Pas les mots croisés, les mots-mystères. Passe-temps tant que vous voudrez, il en était hallucinant. Détecter les mots à l’endroit, à l’envers, en diagonale, de haut en bas et de bas en haut : son cerveau captait tout. Moins intello que les mots croisés certes, mais la vitesse d’exécution de mon père était ahurissante. Vraiment !
Lors de cette soirée privée avec mon paternel, que j’aimais profondément, mais avec qui je n’avais jamais vraiment eu de conversation « homme à homme », ou intime en se disant les vraies choses, j’ai reçu une confidence qui m’a renversé.
Question d’époque, de génération ou qu’en sais-je, un papa et une maman straight dans les années 70, ça te poussait à cacher un paquet de choses, de secrets, de pensées et de gestes « illégaux ». La vie d’adulte arrivant, la communication demeure respectueuse, aimante mais toujours « distante » pour certains thèmes,
Bon, je suis avec Maurice après le souper. Télé, placotage de circonstance. Et, sans surprise, papa saisit son cahier de mots-mystères, trouve la première page vierge et amorce son crayonnage rapide pour trouver la solution. Quelques pages plus tard, il me demande :
« Michel, sais-tu ce qui me motive pour faire toutes ces grilles de mots-mystères soir après soir ? ».
La question me surprend et je réponds par la négative. C’est là que mon père me fait sa confidence, approximativement dans ces mots :
« À chaque fois que je commence une nouvelle grille, j’me dis que c’est une femme qui l’a faite et qui me met au défi. Ben là, j’te l’dis, à chaque maudite fois, c’est moi qui gagne.»
Bouche bée, sidéré, je n‘ai point poursuivi cette discussion. Mon paternel n’ayant jamais manifesté la moindre parcelle de misogynie dans toute son existence, toujours hyper fier du succès de mes deux sœurs, cette confidence somme toute anodine demeure mystérieuse et bizarre pour le fils que je serai toujours.
Aujourd’hui, j’y vais dans la confidence. Rien de scandaleux, bien sûr, et rien de spectaculaire non plus. Mais un soupçon de mystère que je n’ai pas résolu et qui flottera longtemps dans l’éternité. Anecdotique certes, mais aussi énigmatique pour ne pas dire troublant.
Mon cher Maurice, retraité et septuagénaire, n’est pas très « bougeant » dans ce logement montréalais qu’il occupe avec Cécile depuis une dizaine d’années, la presque totalité de sa carrière de banquier s’étant déroulée en région (Gaspésie, Outaouais et Laurentides).
Cécile étant partie une semaine chez ses sœurs à Lachute, je décide d’aller passer une soirée avec Maurice et même d’y dormir, quitte à expliquer un léger retard au boulot le lendemain matin.
Petite parenthèse pour vous confier que Maurice, depuis le début de sa retraite, était devenu un champion-expert de mots-mystères. Pas les mots croisés, les mots-mystères. Passe-temps tant que vous voudrez, il en était hallucinant. Détecter les mots à l’endroit, à l’envers, en diagonale, de haut en bas et de bas en haut : son cerveau captait tout. Moins intello que les mots croisés certes, mais la vitesse d’exécution de mon père était ahurissante. Vraiment !
Lors de cette soirée privée avec mon paternel, que j’aimais profondément, mais avec qui je n’avais jamais vraiment eu de conversation « homme à homme », ou intime en se disant les vraies choses, j’ai reçu une confidence qui m’a renversé.
Question d’époque, de génération ou qu’en sais-je, un papa et une maman straight dans les années 70, ça te poussait à cacher un paquet de choses, de secrets, de pensées et de gestes « illégaux ». La vie d’adulte arrivant, la communication demeure respectueuse, aimante mais toujours « distante » pour certains thèmes,
Bon, je suis avec Maurice après le souper. Télé, placotage de circonstance. Et, sans surprise, papa saisit son cahier de mots-mystères, trouve la première page vierge et amorce son crayonnage rapide pour trouver la solution. Quelques pages plus tard, il me demande :
« Michel, sais-tu ce qui me motive pour faire toutes ces grilles de mots-mystères soir après soir ? ».
La question me surprend et je réponds par la négative. C’est là que mon père me fait sa confidence, approximativement dans ces mots :
« À chaque fois que je commence une nouvelle grille, j’me dis que c’est une femme qui l’a faite et qui me met au défi. Ben là, j’te l’dis, à chaque maudite fois, c’est moi qui gagne.»
Bouche bée, sidéré, je n‘ai point poursuivi cette discussion. Mon paternel n’ayant jamais manifesté la moindre parcelle de misogynie dans toute son existence, toujours hyper fier du succès de mes deux sœurs, cette confidence somme toute anodine demeure mystérieuse et bizarre pour le fils que je serai toujours.
belle confidence qui me fait sourire... je ne vois rien de misogyne là-dedans!
RépondreSupprimerMoi non plus mais ça m'intrigue toujours !
RépondreSupprimermoi, j'ai ma petite explication...
RépondreSupprimerPremièrement je me rappelle que tu m'aies raconté cette hsitoire hallucinante c'est le moindre qu'on puisse dire.
Papa a été élevé dans une famille où les femmes avaient la poigne solide. N'oublie pas qu'il a perdu son père à l'âge de 4 ans. Grand-maman Danis, tante Alma, tante Yvonne, Tante Gilberte, Tante Jacqueline, c'était une belle brochette de Germaine si tu veux mon avis...
Je pense que notre Daddy avait bien au contraire beaucoup d'admiration pour les femmes, sa Cécile n'étant pas piquée des vers non plus, avouons-le.
Alors malgré l'époque macho dans laquelle il a vécu sa vie, papa se sentait possiblement dépassé par les femmes qu'il voyait beaucoup plus dégourdies que lui.
Je crois donc que les mots-mystères, c'était sa petite victoire à lui...
Qu'en penses-tu?
:o)
Qu'en penses-tu?
Pas fou comme explication ...
RépondreSupprimerMon père a joué toute sa vie au scrable avec ma mère. Il n'a jamais gagné, pas une seule fois.
RépondreSupprimerLes femmes étaient souvent plus instruites que les hommes, peut-être était-ce à cela qu'il faisait référence. Il devait se dire « pas si idiot que ça hein! ».
C'est cute.
Accent Grave
Histoire très touchante qui me fait sourire aussi, comme Da Bitch.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup l'explication de ta soeur à ce sujet.
Ton cher papa et ta douce maman sont des êtres exceptionnels et tu as de la chance d'avoir eu de tels guides de vie.
Très très belle anecdote, Mickey.
Bon, sur ce, moi, je pars en vacances ! :-) Vendredi, en fait, mais je me sens pousser des ailes. ;)
J'adore cette anecdote que tu racontes, Crocomickey, et instinctivement, je serais portée à croire que Talou a bien raison dans son explication.
RépondreSupprimerNos tendres et mystérieux papas sont partis avec quelques secrets qu'on aimerait bien connaître...