vendredi 21 mars 2008

La vraie job

Cinquantenaire. Ouain pi ! Je n’ai pas de métier attitré sauf, avec les années, celui de rédacteur. Et encore, c’est à la pige.

Secondaire 5, en 1970 à Mont-Rolland dans les Laurentides. Je suis bon, même pas mal bon en Français et en Histoire. Pas si pire dans les autres matières, mais j’aime le Français et l’Histoire.

Alors faut se brancher et je fais ma demande pour le collégial (ces nouveaux CEGEP) pour devenir enseignant (prof ça fait plus cool) en Français ou en Histoire).

Fin du mois de mars, je suis convoqué au bureau de l’orienteur (quel titre ronfleur !). Le monsieur (je me souviens, son nom de famille était Lajambe) m’apprend qu’avec la « branche » que j’ai choisie, j’ai une chance sur 1,000 de me trouver une job. « Ya beaucoup trop de monde dans l’Enseignement et le Marché est saturé. Tu devrais changer d’option … si tu veux travailler ».

Ti-Cul, à peine 16 ans, je panique quasiment. Dans quoi je devrais « appliquer », ai-je demandé au gourou de l’emploi. D’après mon profil, je pourrais bien me débrouiller en administration, m’a lancé le plouc. J’ai donc changé ma « branche ». Et me suis ramassé dans la grande ville au CEGEP Ahuntsic en Administration.

Beu-Bye le Français et l’enseignement. Deux années folles (j’arrive en ville synchro avec la Crise d’Octobre). Je complète mes deux années collégiales facilement et j’entre aux HEC (!!!) que je compléterai tout aussi facilement en mai 75.

Cinq années d’études réussies (les doigts dans le nez) dans l’euphorie de l’époque, pour un jeune campagnard qui découvre en même temps la vie, les vrais chums, l’amour et les filles, la ville folle, la dope, la musique et tout le reste.

Mais oui, j’ai trouvé un emploi. Une société gouvernementale et patati et patata. Mais j’ai dérapé moins de dix ans plus tard et j’ai … vagabondé par la suite.

Tout ça pour vous dire que la vraie job, le vrai métier qui aurait embaumé ma vie superbement, c’est celui de professeur au primaire. Avec les enfants et l’apprentissage de tout.

Je le sais. Et j’aurais été un kliss de bon prof. Pas le meilleur, mais un kliss de bon prof. J’ai toujours eu cet aura que les enfants sont seuls à percevoir, non seulement avec les miens, mais avec ceux des autres. Ëtre clown naturellement sans se forcer, sérieux quand il le faut, stimulant avec les bons trucs et … tout ça quotidiennement, au jour le jour, avec la paix dans l’âme de celui qui sait qu’il fait bien et du bien.

Dans ma vie adulte, je n’ai pas connu un prof de primaire avec qui j’aurais pu échanger vraiment sur le sujet. Ça ne change rien à mon propos : c’est là que j’aurais optimisé mes talents (on en a tous) et accumulé des bouquets de certitude. Je le pense vraiment.

Regrets ? Faut pas regretter mais si, par un hasard impossible, je rencontrais le câlice d’orienteur Lajambe, je lui dirais simplement : « Toué, t’as complètement raté ta carrière … ».

9 commentaires:

  1. Hm! tu vas me dire que je ne me mèle pas de mes affaires et t'as raison.

    Je crois que tu ferais le plus extraordinaire prof de primaire de Montréal...

    Ta créativité, ton petit c¸oté rebelle (faudrait pas les faire appeler pour livrer de la pizza à l'école voisine!!!)

    Pourquoi pas tenter de donner ton nom comme remplaçant dans les écoles?

    J'ai des amies prof qui disent qu'il manque désespérément de personnel...

    Envoie moi pas promenner avec ma suggestion please. Give it a try!!!

    TaLou

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  2. Bien sûr qu'on peut regretter. Moi je regrette un tas de choses!

    Bien vrai, vous auriez fait un extraordinaire prof.

    Accent Grave

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  3. J'allais proposer la même chose que Talou!

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  4. Peut-être davantage compliqué (ou inefficace) aujourd'hui avec ces compétences transversales et autres balivernes que je ne saurais transmettre sans avoir préalablement "appris" la chose moi-même sans piquer de crise et crier ma rage ...

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  5. J'aurais bien aimé t'avoir comme prof.Mais j'avoue que mes gars auraient vraiment trippés avec un prof à la Mimi ...

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  6. Croco,

    c'est vrai que tu aurais été un bon prof. J'avais bien aimé ton texte à propos des "Boys de Raoul et Fidel".

    Et comme dit Accent Grave, on peut regretter un tas de choses, mais comme il est impossible de retourner en arrière, ça ne sert à rien de se tourmenter inutilement ( Est-ce moi qui écrit ça ? ). J'ai lu un livre de science-fiction déjà ( Replay, j'ai oublié le nom de l'auteur ), dans lequel le personnage principal revivait un moment crucial de sa vie, mais en choisissant une option différente chaque fois, et le résultat n'était ni pire ni mieux. Alors...

    Ce commentaire-là je ne l'effacerai pas. J'ai même hésité à l'écrire, parce que si j'avais un blogue, je trouverais insultant et enrageant d'avoir un lecteur qui supprime ses commentaires au fur et à mesure.

    Et je te souhaite de rencontrer par hasard l'orienteur Lajambe, quitte à lui en casser une, sans que ça paraisse. Un petit accident ça arrive! Inoffensif bien sûr !

    ;-)

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  7. ÖÖÖÖ ! La belle visite de ma filleule favorite (j'en ai juste une ... :-).

    Tes boys vont bien ?

    Vais aller te payer une visite aux tissus la semaine prochaine.

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  8. T'aurais fait un super prof. J'en ai eus des comme toi, ils m'ont beaucoup inspirée.

    Pour faire de la suppléance, avec le bagage que tu as, je crois qu'on serait ravis de pouvoir compter sur toi. Ça te tente pas d'essayer?

    Un petit mot que je sens le besoin de te dire, c'est qu'avec ta personnalité et cet aura que les enfants savent percevoir, t'auras inspiré et « fait grandir » plein d'enfants dans ta vie, tu leur auras appris des choses qui ne s'apprennent pas nécessairement dans les écoles. Ce sont les plus importantes!

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  9. Au même moment où tu étais aux H.É.C. je me trouvais tout juste à côté, au pavillon des lettres et sciences sociales... pour devenir professeur de français ;-)

    Je visais toutefois le Secondaire, où j'ai finalement enseigné 6 ans, mais... pas suffisamment d'aura, ni assez clown, ni assez sévère, j'ai quitté l'enseignement pour l'informatique il y a plus de 25 ans.

    Sais-tu quoi ? L'enseignement fera partie de mes projets de retraite ;-) Plus exactement, je serai bénévole en alphabétisation et tu en auras peut-être envie autant que moi après avoir lu le blogue de mon ami Paul-Henri sur le sujet :

    http://www.lecourrier.qc.ca/blog/6/

    @+

    JC

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