dimanche 16 novembre 2008

Flotter devant la Tour Eiffel

Je n'ai pas beaucoup voyagé dans ma vie, je l'admets volontiers. Je veux dire quitter le pays. Le Québec et ses régions, j'y suis allé fouiner presque partout. Mise à part une dizaine de séjours dans la Beautiful British Colombia, chez Denys et Manon (Vancouver) ou Jean-Louis et Marlene (Kelowna), je n'ai dans mon carnet qu'une brève virée d'une semaine à Paris en 95, au pays de mon ancêtre Honoré Danis, un voisin de Marguerite Bourgeoys en 1663.
.
Pas question de vous narrer bêtement et platement l'itinéraire suivi dans la Ville-Lumière en vous décrivant Notre-Dame-de-Paris, Montmartre, les Champs-Élysées, le Louvre et autres majestueux emplacements. J'aimerais plus simplement vous transmettre en quelques mots (même si la chose est pratiquement impossible) le choc inattendu ressenti devant la Tour érigée par un monsieur répondant au nom de Gustave Eiffel.
.
Bizarrement, dans les semaines de frénésie précédant le départ, la Tour ne figurait nullement sur le podium de mes priorités. Même en sachant fort bien qu'il s'agit du site toutistique le plus fréquenté de la planète, mes préférences allaient aux Champs-Élysées, à son Arc-de-Triomphe et, rock-and-roll oblige, à l'emplacement du Père Lachaise réservé au tombeau d'une idole de jeunesse, feu Jim Morrison le génial et grivois chanteur des Doors.
.
En terminant un souper sympa dans un bistro de la place des Vosges, Denis et Jacqueline m'ont convaincu d'aller zieuter de plus près la Tour de monsieur Gustave. Descente dans le métro, sortie place Trocadéro un peu passé 20 heures. En tournant le coin d'une bâtisse, j'ai reçu le coup de masse ...
.
Dans cette luminosité incertaine du crépuscule, le tableau m'est apparu : cette ligne qui pointe en rétrécissant vers le ciel à partir de ses quatres bases gigantesques, avec les parallèles de la Seine et de l'avenue Président-Kennedy et le fond de toile verdoyant des jardins du Champ-de-Mars.
.
C'est à ce moment précis que j'ai compris parfaitement le sens de l'expression ... avoir le souffle coupé. J'ai accéléré le pas pour aller m'appuyer à la balustrade de la place Trocadéro, préférant m'éloigner temporairement de mes copains... à qui ma bouche bée n'aurait pu dire mot de toute façon. Comme si un coussin d'air séparait mes semelles du sol : flotter dites-vous ?
.
Il m'est difficile d'expliquer le pourquoi de cette brève et intense béatitude. Un état de grâce, une parenthèse émotive devant la beauté. J'en avais la larme au coin de l'oeil. Quels mots utiliseriez-vous? Baver de bonheur ? Estomaqué ? Ébloui ? Je vous souhaite sincèrement à tous, si ce n'est déjà fait, de trouver au tournant de VOTRE chemin cette image qui VOUS jettera par terre en chamboulant VOS émotions. Moi, c'était la Tour de monsieur Gustave. Et vous?

19 commentaires:

  1. C'est vrai que la première fois qu'on voit la Tour c'est quelque chose. J'ai eu la chance de la voir plusieurs fois et chaque fois, c'était magique! Mais jamais comme la première fois. Moi aussi c'était le soir. On se promenait dans Paris, le premier soir de notre arrivée en sol français et on était vraiment touriste parce qu'on est arrivé devant elle au détour d'une rue, on ne s'y attendait pas du tout...

    J'essaie de penser aux autres fois où j'ai été bouche-bée comme ça et hum, pas facile! Je dirais la vue de New York quand on est à la Statue de la Liberté, le cimetière d'Arlington (c'est beau et en même temps ça ne devrait pas l'être) et la fois où j'ai vu une navette décoller directement de la Nasa!

    RépondreSupprimer
  2. Moi, c'était l'été de mes premières vacances. Première voiture ( coccinelle), premier voyage au States, pour voir la mer. Le jour tombe, il pleut des cordes. Je ne savais plus si j'étais encore loin de ma destination. Je décide de prendre un motel pour la nuit. Le lendemain, petit déjeuner, et départ pour Old Orchard.. Environ 10 minutes de route, je tourne sur une petite rue, sur la gauche, et là, du haut de la côte, L'OCÉAN dans toute sa spendeur. Ouf! Celle la, je ne l'oublierai jamais.

    RépondreSupprimer
  3. La premiere fois que j'ai vu la Reine.

    Sinon et c'est pas pour les memes raisons que toi...

    Le camp de concentration d'Auschwitz

    RépondreSupprimer
  4. @ Drew

    On est quasiment sur une autre planète là ! Frissons quand même ...

    RépondreSupprimer
  5. Des moments comme ça j'en ai. Je ne dirai pas très souvent, mais j'en ai plus d'un dans ma vie c'est certain. C'est peut-être ma grande, si grande sensibilité, mais je suis très honnête en disant que ça m'Arrive disons assez souvent. Je ne qualifierai pas les moments car à chacun de se laisser remuer à sa façon. Alors je ne commencerai pas à tenter d'en fait l'inventaire mais je vous donnerai cette citation comme référence.

    «La vie ne se mesure pas au nombre de respiration que l'on prend mais aux moments qui nous coupent le souffle.» J'en fais ma signature aussi souvent que possible.

    Mais je partagerai avec toi mon grand frère un moment qui a coupé le souffle à notre Cécile. C'était dans la même ville que toi. C'est à la cathédrale Notre-Dame-de-Paris que maman a failli s'évanouir. Elle m'a dit en ces mots: « Quand j'ai vu la voute, c'était tellement beau que je me suis pincée. J'ai pensé pour quelques secondes que j'étais morte et que j'étais au paradis.»

    Et elle était totalement sérieuse...

    Je pense que j'ai de qui tenir...

    :o)


    TaLou

    RépondreSupprimer
  6. @ Talou

    Me rappelle de cette émotion exprimée par maman. Mais je crois que c'était à la Chapelle du Sacré-Coeur ...

    RépondreSupprimer
  7. C'est pas à Notre-Dame-de-Paris que Michel-Ange a peint les voutes?

    Je sais pas de façon certaine pour l'église mais c'est certain que c'était à son voyage à Paris...

    tu l'aimes ma citation?

    XXO

    RépondreSupprimer
  8. Les voûtes de Michel-Ange, sauf erreur, c'est à la Chapelle Sixtine à ... Rome !

    Ouais,la citation est onspirante.

    RépondreSupprimer
  9. Ce que je voulais dire, c'est que j'en ai vu des trucs merveilleux. À Auschwitz par contre, c'est là où l'histoire m'a rentré dedans

    RépondreSupprimer
  10. Une église, je ne me souviens plus de laquelle, dans le Vieux-Montréal quelques semaines avant Noël... Il neigeait à gros flocons et la nuit était des plus douces. Je rentrais de la boîte de l'Hôtel Iroquois où je chantais et je marchais seule, amoureuse, perdue et éperdue... Il y de cela bien des lustres et j'en ai fait des voyages un peu partout dans le monde, et pourtant, je vois encore et toujours cette église avant de m'endormir... Une image renversante de grande paix et de béatitude pour quelqu'un qui n'est même pas pratiquante...

    RépondreSupprimer
  11. Tu as raison pour Michel-Ange et sa chapelle....

    j'ai appelé notre soeur à la rescousse...

    Me semble pourtant... La chapelle du Sacré-Coeur c'est à Montréal ou à Paris? Ou les deux possiblement?

    RépondreSupprimer
  12. Je me suis reconnue dans les propos de plusieurs d'entre vous ici : Croco, Talou, Rosie...

    Le souffle coupé, les images qui s'impriment dans le coeur à tout jamais, des émotions marquantes, l'impossibilité de les décrire, je connais.

    La première fois, j'allais avoir 15 ans, l'avion d'Eastern Airlines en provenance de Charlottetown allait bientôt atterrir à Hâvre-aux-Maisons, pays de mes parents, et mes deux grands-mères étaient à mes côtés, elles revenaient chez elles. L'avion a amorcé sa descente et sous les nuages, le ciel était si clair, j'ai vu l'hameçon dans toute sa splendeur, l'archipel des Iles de la Madeleine, vu d'en haut, avec ses plages infinies, la mer... L'émotion est intacte, inoubliable, c'était hier.

    Une autre fois, en visitant le barrage LG2, je ne m'attendais pas à ça le moins du monde. Le génie des Québécois, en hydroélectricité, j'en suis fière, ça m'épate, mais de me retrouver appuyée sur la paroi extérieure gigantesque d'une turbine où passent des trombes d'eau, c'était tellement puissant... je n'entendais plus notre guide, j'étais ailleurs. Je prenais conscience de l'infiniment grand, l'infiniment puissant, la force de l'eau. Pas explicable!

    À Key West aussi, une fois, par temps clair, on nous disait qu'on pouvait voir Cuba, je crois l'avoir vu ou bien je l'ai trop imaginée, cette île, au moment où deux voiliers magnifiques se croisaient sur la grande bleue devant moi...

    RépondreSupprimer
  13. @ Zoreilles: Key West, encore la mer, surtout le bout de notre continent Nord Américain, le plus au Sud. Je rêve encore de ces quelques semaines de vacances, l'hiver dernier.

    RépondreSupprimer
  14. @ Zoreilles

    J'ai déjà marché sur le barrage LG2 et quand t'arrives au milieu, tab ... c'est impressionant. Tout comme ces pales de turbines dans la centrale sous la terre ....

    RépondreSupprimer
  15. J'attendais ce voyage au Quebec depuis trois ans, et quand l'avion a viré de bord et que j'ai vu le Saint-Laurent de là-haut, j'ai eu aussi le souffle coupé.

    Vous voulez parler du Sacré-Coeur de Montmartre à Paris, pour moi c'est plus beau que Notre-Dame.

    Mais ce qui me coupe le souffle à tous les coups, ce sont les grandes étendues d'eau...

    RépondreSupprimer
  16. @ mman1945

    Non, pas sacré-Coeur de Monmartre. C'est une vieille vieille chapelle dans Paris avec des vitraux qui remontent aux années 1600 et cette place a été conservée au milieu d'un poste de préfecture ... Le véritable nom doit différer un peu ...

    RépondreSupprimer
  17. Le vrai nom de l'endroit ou ma mère a flippé à Paris : la Sainte Chapelle ...

    Les vitraux y sont incroyables.

    RépondreSupprimer
  18. Je viens d'aller la visiter vituellement c'est vrai que ses vitraux sont à couper le souffle !
    Non je ne l'avais pas vue à Paris... ce sera pour mon prochain voyage.

    RépondreSupprimer