L’année scolaire 1969-70. Ma dernière au secondaire avec l’effervescence de ces années folles au Québec dans le milieu étudiant entre autres. Je passe cette année du Sec V à la polyvalente A.N.-Morin de Mont-Rolland dans les Laurentides (tout près de Sainte-Adèle).
Nous sommes à la cafétéria pendant l’heure du dîner. Un secteur où nous sommes une dizaine attablés pour la bouffe. Des gars et des filles, copains et copines, avec de la belle visite : le prof Roger Geaniton qui est venu dîner avec nous. Un professeur de français d’origine haitienne, une rareté à l’époque dans les Laurentides. La peau très très noire, ce prof est vraiment aimé des élèves du secondaire V. C’est un poète national de Port-au-Prince qui a fui le régime de Papa Doc Duvalier. Il est admirable, très à l’aise avec ses étudiants et possède un sens de l’humour fortement adapté aux jeunes adultes en devenir que nous sommes et … nous apprécions vraiment sa présence.
J’ouvre une parenthèse pour vous dire qu’à cette époque, je bouffais très rapidement. Un vrai glouton ! Je traversais mes assiettes dans le temps de le dire. Entrée, plat principal et dessert : clac ! À la cafétéria, liqueur, sandwich et fruit : tadam ! J’avais terminé le tout alors que les autres attablés n’avaient qu’à peine entamé leurs premières bouchées. J’ai corrigé convenablement cette manie désagréable avec les années mais à l’époque, j’étais comme une sorte d’athlète de la goinfrerie.
Je me rappelle très bien ce midi avec le prof Geaniton. Au milieu des échanges énergiques de nos conversations, j’avais encore avalé avidement et abruptement toute ma nourriture, alors que les autres en étaient aux bouchées initiales. Je pense que c’est la belle Nicole Cadieux qui m’a poussé la remarque : « Tabarnouche Michel ! Ça n’a pas d’allure comment tu manges vite … ».
Et le prof Geaniton d’ajouter suavement : « Chez nous en Haiti, ya un proverbe qui dit qu’on bouffe de la même manière qu’on fait l’amour ».
Je n’ai jamais rougi autant de toute ma vie. Hilarité générale à notre table, vous vous en doutez bien. À cet âge ou la pression sexuelle interne est à son maximum, avec les zones inconnues de l’inexpérience, les attentes inassouvies et l’orgueil du jeune coq à son paroxysme … j’ai difficilement encaissé ces secondes inconfortables que le génial prof Geaniton a … réconfortées en plaçant sa main sur la mienne avec un clin d’œil sympathique, genre grand frère.
Pas la moindre diminution dans mon admiration totale pour ce prof si spécial. Mais je me souviens de cette citation quarante années plus tard. Je crois même qu’elle a probablement eu pour effet d’amorcer une certaine discipline pour réduire ma vitesse … pour la bouffe !
Nous sommes à la cafétéria pendant l’heure du dîner. Un secteur où nous sommes une dizaine attablés pour la bouffe. Des gars et des filles, copains et copines, avec de la belle visite : le prof Roger Geaniton qui est venu dîner avec nous. Un professeur de français d’origine haitienne, une rareté à l’époque dans les Laurentides. La peau très très noire, ce prof est vraiment aimé des élèves du secondaire V. C’est un poète national de Port-au-Prince qui a fui le régime de Papa Doc Duvalier. Il est admirable, très à l’aise avec ses étudiants et possède un sens de l’humour fortement adapté aux jeunes adultes en devenir que nous sommes et … nous apprécions vraiment sa présence.
J’ouvre une parenthèse pour vous dire qu’à cette époque, je bouffais très rapidement. Un vrai glouton ! Je traversais mes assiettes dans le temps de le dire. Entrée, plat principal et dessert : clac ! À la cafétéria, liqueur, sandwich et fruit : tadam ! J’avais terminé le tout alors que les autres attablés n’avaient qu’à peine entamé leurs premières bouchées. J’ai corrigé convenablement cette manie désagréable avec les années mais à l’époque, j’étais comme une sorte d’athlète de la goinfrerie.
Je me rappelle très bien ce midi avec le prof Geaniton. Au milieu des échanges énergiques de nos conversations, j’avais encore avalé avidement et abruptement toute ma nourriture, alors que les autres en étaient aux bouchées initiales. Je pense que c’est la belle Nicole Cadieux qui m’a poussé la remarque : « Tabarnouche Michel ! Ça n’a pas d’allure comment tu manges vite … ».
Et le prof Geaniton d’ajouter suavement : « Chez nous en Haiti, ya un proverbe qui dit qu’on bouffe de la même manière qu’on fait l’amour ».
Je n’ai jamais rougi autant de toute ma vie. Hilarité générale à notre table, vous vous en doutez bien. À cet âge ou la pression sexuelle interne est à son maximum, avec les zones inconnues de l’inexpérience, les attentes inassouvies et l’orgueil du jeune coq à son paroxysme … j’ai difficilement encaissé ces secondes inconfortables que le génial prof Geaniton a … réconfortées en plaçant sa main sur la mienne avec un clin d’œil sympathique, genre grand frère.
Pas la moindre diminution dans mon admiration totale pour ce prof si spécial. Mais je me souviens de cette citation quarante années plus tard. Je crois même qu’elle a probablement eu pour effet d’amorcer une certaine discipline pour réduire ma vitesse … pour la bouffe !
Quel grand pédagogue il était, ce prof Jeanniton!
RépondreSupprimer;o)
Me vient tout à coup un étudiant en tête... J'vais utiliser la phrase du prof Jeanniton moi :-D
RépondreSupprimerGo Drew Go ! Ça tombe bien, t'enseignes en cuisine !!!
RépondreSupprimer:-)
placé un proverbe approprié,
RépondreSupprimerlaisser mijoter,
juste assez,
rassurer avec le geste approprié.
Toute une leçon,
apprise pour la vie.
Tout un professeur ce Roger