Mettons que j’arrive dans une clinique médicale pour un
rendez-vous. Je m’enregistre et vais m’asseoir dans la salle d’attente et …
j’attends. 30 ou 45 minutes plus tard, j’entends mon nom au micro et je me
dirige vers la salle X. J’entre et le ou la professionnelle qui me reçoit
(ergo, physio, cardio ou wathever) porte un foulard, un voile ou un turban. On
se dit bonjour, je réponds aux questions, je subis les tests (pression, cœur,
etc). Je pose mes questions et on me prescrit médicaments ou de nouveaux tests
ou n’importe quoi. Je fais entièrement confiance au professionnel que je viens
de rencontrer et … je quitte la place. Mais … pour être franc, ça me
chicoterait. Je parle du déguisement. Pas fâché. Juste indisposé.
Et ça n’est pas une question de … race. Dans le monde de la Santé où j’ai
souvent folâtré depuis une dizaine d’années, j’ai croisé des techniciens,
médecins, infirmières … visiblement ‘’immigrés’’ par la couleur de leur peau
(haitiens, africains, latinos ou arabes) ou par leur accent linguistique. Et j’en
étais absolument satisfait et respectueux. Je ne suis pas raciste ni xénophobe.
Mais je n’ai jamais croisé un ‘’costumé religieusement’’ dans
ces rencontres.
Sur la rue, dans l’autobus ou le métro, dans l’épicerie, au
cinéma, etc … je croise régulièrement des gens affichant les fameux indices ‘’ostentatoires’’.
Et je les remarque (bien sûr) parce qu’ils affichent l’évidence. Mais ça m’indiffère
parce que … ce ne sont que des passants. Je n’ai pas à les contacter
directement. Et pour dire vrai, même dans MON Montréal, ils ne sont pas si
nombreux, même si les médias en parlent beaucoup par les temps qui courent.
Des montréalais d’origine italienne, grecque, haitienne,
belge, marocaine, algérienne, vietnamienne, latinos, chinoise et autres, j’en
ai CONNUS et fréquentés plusieurs depuis mon arrivée en ville en 1970. Et tout
baigne dans l’huile. Quelques musulmans aussi, mais sans affichage religieux vestimentaire.
Alors pourquoi suis-je frileux avec les ‘’déguisés’’ ? Je n’ai
pas dit opposé mais … le pied sur le frein. En 2013, s’enligner sur une
religion qui préconise des devoirs ou obligations vestimentaires, dans un
environnement très éloigné de ta terre d’origine, où la presque totalité des
humains qui t’entourent vivent correctement sans suivre ces principes ‘’vestimentaires’’
et que plusieurs de tes semblables (religieusement parlant) ont délaissé la
contrainte du morceau de linge, sans renier l’être suprême de leur croyance,
moi je deviens … abasourdi.
Les femmes-journalistes d’ici qui vont en reportage à Damas
ou Beyrouth doivent se déguiser et porter le foulard pour circuler dans les
rues. En l’an 2013 ! Nous sommes plus tolérants, mettons. Comme le sont aussi
nos voisins canadiens, américains et les autres terriens en Europe, en Chine,
en Afrique et presque partout sur le globe, en respectant les différences
religieuses.
Alors, ne pourrions-nous pas exiger simplement que nos
immigrants accueillis, acceptés et intégrés, respectent un code vestimentaire
normal et non SIGNIFIANT – si et seulement si – ils occupent un emploi dans la
fonction publique, et uniquement pendant les heures de travail ?
J’imagine certains d’entre vous me répliquer : ça
changerait quoi ?
Je rétorque : simplement démontrer que nous sommes ouverts
d’esprit pour la discussion mais réfractaires à la publicité religieuse imposée
et subventionnée par nos taxes.
Guy Rocher a une position qui se rapproche de la mienne. «C'est à l'individu d'assumer les conséquences de son choix d'une approche religieuse radicale. Pas à l'État. Mais en même temps, je crois que la Charte canadienne des droits et libertés qui garantit la libre expression de la religion dans l'espace public a été adoptée trop tôt dans le temps alors que de grandes mutations ( l'envahissement du religieux dans la sphère publique) allaient se produire.
RépondreSupprimerElle garantit que;
2. Chacun a les libertés fondamentales suivantes :
a) liberté de conscience et de religion;
b) liberté de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication;
Cette "liberté d'expression", y compris de manière ostentatoire (sans contrainte) viendra bousiller les efforts d'interdire par Québec le port de signes ostentatoires pour les employés de la fonction publique et parapublique. Hélas !.
Mais alors, pourquoi arrive-t-on à y interdire l'expression des opinions politiques sur les lieux de travail ? Pour assurer la neutralité de l'État.
"Assumer les conséquences" -de ses gestes, de ses choix- alors que tout est toujours la faute de l'autre ?.
Jack
Connaissant l'être humain et les réactions parfois enfantines qu'il peut avoir, je ne serais pas surpris que des personnes ayant quitté les signes religieux très visibles qu'elles portaient autrefois et duquel elles s'étaient affranchies se remettent à les porter juste pour dire: "m'a leu montrer, moi cé qui le boss" Et de courir trouver un journaliste qui va les interroger pour son bulletin de nouvelles. Juste pour attiser la flamme.
RépondreSupprimerJack
Et voilà !
RépondreSupprimerJ'ai sorti les témoins de jéhova de chez nous, parce qu'ils tentaient de me convertir à leur histoires, je commence juste, à pouvoir vivre sans vérifier si dieu va être faché par mes actions, alors, recommencer avec halla, mahomais, pas queation.
RépondreSupprimerLes bonnes soeurs, les prêtres et autres religieux de notre enfance ont laissé tombé leurs déguisements, sans que nous en soyons peiner, alors, que d'autres tentent de prendre cette place, hé bien, très peu pour moi.
Que chacun fasse ce qu'il veut chez lui, dans le respect des lois, grand bien lui fasse, mais, qu'il ne me demande pas de le faire avec lui.
La charte, elle est nécessaire et elle doit être adopté avant qu'il ne soit trop tard.
Un barbu qui ne demande qu'à s'entendre, avec les hommes et les femmes de bonne volonté.
Croco,
RépondreSupprimerj'ai lu le commentaire de Barbe et il faut que je m'exprime aussi; moi en tant que femme d'ici je me sens "agressée" lorsque je vois des dames (de plus en plus nombreuses et partout) enveloppées de la tête aux pieds . Pour moi c'est comme un jugement silencieux: toi femme d'ici tu es une impudique d'oser montrer tes cheveux (et crois-moi, les miens étant archifins je préfèrerais de beaucoup les cacher), une "infidèle" et tu devrais avoir honte de montrer la moindre partie de ton corps.
Sans parler du reste: les voir habillées ainsi lors des canicules estivales alors que le conjoint (quand il est là) lui est vêtu d'un bermuda et d'un t-shirt, ça m'enrage!
Sans parler de certaines de ces dames qui sont méprisantes; ça m'est arrivé dans un autobus. Une femme ayant échappé sa bouteille d'eau, je l'ai ramassée et elle a refusé de la prendre, avec un "non" de la tête: je n'ai jamais compris (????) sa réaction.
Si ça fait de moi une raciste bourrée de prégugés, j'assume!
Lise, passée ici alors qu'elle est censée ne plus lire de blogues...
Et tu es libre de supprimer mon commentaire si tu préfères.
@Lise, dans l'autobus. Deux couples avec enfants. Sont pas ensemble, mais dans l'autobus le hasard les a réunis. Ils semblent venir tous les deux du Magreb. Arabes, musulmans peut-être, L'homme d'un des couples porte une forte et longue barbe. Sa femme porte le hidjab et on ne voit que ses mains et son visage, tout le reste est caché. L'autre couple est vêtu à l'occidental, l'homme étant rasé de près et sa femme ne porte pas de vêtements qui pourraient être identifiés à une musulmane pratiquante. Les regards de défi et de dédain que le couple intégriste a porté sur le couple occidentalisé tout le long du trajet "parlaient" très fort et m'a fait ressentir qu'il y a aussi de ça dans celles qui se contraignent à porter le voile. Pour avoir la paix de leurs pairs et semblables. Et arrêter ces jugements ingrats et indécents. Car ils ne vivent pas seulement au sein de la société occidentale mais aussi de celle de leurs coreligionnaires qu'ils ne peuvent s'empêcher de côtoyer.
RépondreSupprimerps; ce texte de Voir est rafraichissant ainsi que ceux qui y sont en référence:
http://voir.ca/mohammed-lotfi/2013/09/13/voile/
Jack
@ Jack,
RépondreSupprimermerci vraiment, et je vais aller lire ton lien.
Suis ambivalent. Bien vrai que nous avons donné un bon coup de balai à la religion qui décidait de tout, avec le gouvernement.
RépondreSupprimerCependant, ça ne s'est pas passé ainsi ailleurs dans le Monde et c'est là qu'on recrute ceux et celles qui peupleront le Québec, d'autant plus qu'on ne se reproduit pas.
La loi 101 fut nécessaire parce que nous les francophones, nous méprisons notre propre langue, nous la malmenons encore. Suffirait de ne RIEN acheter chez les marchands qui n'affichent pas dans notre langue ou qui ne parlent pas français. Au lieu de cela, on demande au gouvernement de passer une loi qui fut démolie en bonne partie par les tribunaux.
On ne peut pas faire fi de tous droits fondamentaux. Nous pouvons signifier que nous n'acceptons pas l'envahissement des religions dans notre entourage, nous pouvons refuser d'enlever le porc dans nos soupes aux pois, nous pouvons refuser de bloquer nos vitres pour cacher les baigneuses, nous pouvons refuser d'offrir du personnel médical d'un sexe particulier selon les demandes, nous pouvons sortir ce fameux crucifix de l'Assemblée Nationale, nous pouvons faire un tas de choses sans l'intervention de l'État.
On manque de couilles et on demande au gouvernement d'agir à notre place. C'est un aveu de faiblesse.
Le gouvernement peut probablement exiger que les juges, les flics, les procureurs et autres personnes en situation d'autorité ne portent pas de signes religieux mais en ce qui concerne le citoyen ordinaire c'est autre chose. Il savoir que nous n'apprécions pas l'intervention religieuse dans nos vies au quotidien sans aller contre les lois fondamentales car nous perdrons le combat.
Maintenant, toute cette affaire est exagérée. Le gouvernement actuel est fort incompétent, risible. Il y a plus important, ne nous laissons pas aveugler par une tempête dans un verre d'eau. Le combat est tellement mal engagé, truffé de mensonges et de faux objectifs. Je ne crois RIEn de ce que dis ou fait Marois. Elle a une vue extrêmement étroite de ce que doit être une société libre et sûre d'elle.
Gérer nos ressources naturelles, avoir le contrôle sur notre économie, être indépendant est tellement plus important. Les gens du monde entier doivent nous percevoir comme une société ouverte, une société solide, ce que nous ne sommes pas, malheureusement.
Grand-Langue
Que c'est intéressant de te lire, Croco, ainsi que tous les commentaires qui suivent ton billet et qui sont très représentatifs de ce que pensent les gens autour de moi. Je rêverais que quelqu'un du gouvernement actuel puisse avoir accès à ton blogue, à tout le moins à ce billet très actuel et aux réactions qu'il suscite!
RépondreSupprimerTu exprimes parfaitement le point de vue d'un Montréalais. Je vais me permettre maintenant de te donner le point de vue d'une fille des régions :
Un exemple : Nous sommes en pénurie de médecins et de spécialistes au Québec et c'est encore plus désastreux dans des régions commes les nôtres. Notre région a réussi à s'adjoindre les services d'une dermatologue qui vient faire son tour à l'un de nos hôpitaux une fois par mois. Donc, toute la région compte sur elle, hijab ou pas. Quand ça fait plus de deux ans que t'es sur une liste d'attente pour avoir ton rendez-vous, que tu t'inquiètes pour un peut-être cancer de la peau, et que la dermato porte un hijab, tu ne dis pas un mot.
Ici, on croise dans notre quotidien toutes sortes de personnes de toutes sortes de provenances et toutes sortes de religions. Si on se sent moins envahis, c'est qu'ils ne sont pas assez nombreux d'une même religion ou d'une même idéologie pour vivre en ghettos et nous imposer leur façon d'être.
C'est très long pour le Québec de s'affranchir de l'emprise de la religion catholique, ça se fera probablement avec le temps, dans quelques générations, quand on aura compris deux ou trois petites choses comme le fait qu'on s'est laissés mener comme peuple sans réagir. On a au moins cette responsabilité-là, de s'être laissées faire, non? On n'a pas fait la paix avec ça...
Mais d'ici là, il n'en tient qu'à nous d'être fiers de notre Québec, ce Québec tout entier et indivisible, ce Québec avec son histoire, sa langue, sa culture, ses ressources, ses forces vives, sa liberté d'agir et de penser, son ouverture aux autres.
Cette Charte des valeurs québécoises, même les Autochtones la rejettent et je crois pas qu'on était rendus là, comme peuple. En discuter, oui peut-être mais ça ne passera pas, vous verrez.
Malheureusement, moi aussi je pense que ça ne passera pas.
RépondreSupprimerEncore une fois, la région de Québec est 50-50 comme au référendum ...
J’arrive un peu tard pour commenter ton billet, m’étant absentée des blogues depuis un bon bout de temps.
RépondreSupprimerJ’ai mis du temps à me faire une opinion sur cette partie de la Charte concernant le port de signes religieux ostentatoires dans la fonction publique (parce que c’est bien de cela qu’il s’agit).. J’ai lu pendant des semaines l’opinion de l’un et de l’autre. J’avais l’impression d’être une girouette changeant d’avis après chaque lecture.
J’ai finalement pris position tout à fait dans ta ligne de pensée. Et non, on ne parle pas de raciste, de xénophobie ou d’islamophobie. On parle d’une longue marche du Québec vers un État laïc, vers une séparation des pouvoirs qui s’est fait paisiblement et parfois difficilement. Ce processus doit continuer même s’il n’est pas toujours facile. Et il faut arrêter d’avoir peur. Il faut prendre des risques parfois pour avancer.
J’ai écrit un billet sur le sujet aujourd’hui et je signerais volontiers le tien.