Fin des années 70. Je m’en vais à la Baie James avec mon pote Jean. La Baie James encore mythique de cette époque où elle fut mise sur la mappe comme on dit.
Mais je n’y allais pas comme les dizaine de milliers de travailleurs de cette époque, style ruée vers l’or…blanc. Non. Nous allions à Fort-George, la vraie, l’insulaire, avant qu’elle ne soit abandonnée et rebâtie sur le continent pour devenir Chisassibi en raison de la hausse du niveau des eaux causée par les grands barrages.
Pierre, le frère de Jean, y vivait avec sa Janie, une superbe Crie.
Bon, je voulais vous parler de l’aurore, alors je ne m’attarderai pas à vous parler de ce feeling du blanc isolé sur le territoire des Peaux-Rouges. Je vous emmène tout de suite à la pêche. Petite envolée (mon baptême de l’air...qui en fut tout un !) en Cessna, assis tout croche derrière le pilote, au milieu des (pack)sacs de bagages et des lignes à pêche. Avec Pierre, Jean et … Arnie, notre guide indien.
Parce que, voyez-vous, à cette époque, trois blancs qui vont pêcher la truite de ruisseau sur le territoire Cri, c’était pas évident. Alors la présence d’un Cri (rémunéré) avec nous, bien que non-requise, se voulait fortement recommandée pour ne pas dire essentielle.
Bon, nous y sommes. L’hydravion reparti, une marche de deux kilomètres et nous arrivons au chalet, un espèce de shack tout décâlissé, la toiture défoncée de partout, sans aucun meuble. Pas grave ! On se sent authentiquement coureurs des bois.
Au premier souper, autour du feu, nous allons évidemment manger quelques prises de la journée, Coupage de tête, éviscérage et hop ! dans le poêlon. Me rappelle aussi de Arnie qui fait frire les viscères et qui va les manger. Ouache ! Il m’offre même une grappe d’œufs de truite frite. Ne voulant pas l’insulter, je vais essayer. Petite (minuscule) bouchée … mmmm ! c’est bon … mmm ! Encore, encore. Depuis ce jour, toutes les (trop) rares fois où j’en ai eu l’occasion, personne n’a le droit de toucher à mes œufs de truite. Caviar frais.
OK ! La première nuitée. On est à la mi-août. Un peu frisquet mais nous sommes bien enveloppés dans nos vrais bons sacs de couchage. Et puis la chose a commencé. Ciel parfaitement étoilé, sans la pollution luminaire humaine que nous connaissons plus au sud. C’est magnifique. Sauf … qu’il y arrive comme des flashes brefs qui disparaissent … et qui reviennent plus forts et … re-disparaissent. Je l’apprends de Pierre (un peu habitué quand même) : ça sera ma première aurore boréale.
Puisque j’étais justement dans la zone boréale, c’en fut toute une. Deux bonnes heures ininterrompues où ces mouvements lumineux gigantesques se voulaient tout simplement incroyables. Ça bougeait par en haut à un point tel qu’on pouvait facilement imaginer l’arrivée imminente d’ovnis. Comme une pseudo-crainte pour attiser et stimuler les frissons.
Petit, petit, petit que je me sentais. En pleine nuit, tout près (1000 km ?) de la calotte polaire d’où provenaient ces rebondissements de rayons solaires, avec l’impression que nous étions les seuls au monde à voir ce grandiose effet lumineux. Quand tu viens à peine de toucher le quart de siècle, ton enthousiasme naturel est toujours intact et, dans des moments pareils, tu souhaites ne jamais le perdre.
Bien sûr, j’ai revu des aurores boréales par la suite. Quatre ou cinq fois durant le dernier quart de siècle. Que voulez-vous ? Je suis un urbain … et le beau Réal ne vient pas souvent en ville. Dans les Hautes-Laurentides, sur les bords de la Yamaska, à St-Gédéon près du Lac St-Jean, j’ai revu, oui … mais jamais n’ai-je observé ce phénomène avec un tel éclat, une telle magnificence. Je vous la souhaite lors d’une de ces nuits … magiques.
Mais je n’y allais pas comme les dizaine de milliers de travailleurs de cette époque, style ruée vers l’or…blanc. Non. Nous allions à Fort-George, la vraie, l’insulaire, avant qu’elle ne soit abandonnée et rebâtie sur le continent pour devenir Chisassibi en raison de la hausse du niveau des eaux causée par les grands barrages.
Pierre, le frère de Jean, y vivait avec sa Janie, une superbe Crie.
Bon, je voulais vous parler de l’aurore, alors je ne m’attarderai pas à vous parler de ce feeling du blanc isolé sur le territoire des Peaux-Rouges. Je vous emmène tout de suite à la pêche. Petite envolée (mon baptême de l’air...qui en fut tout un !) en Cessna, assis tout croche derrière le pilote, au milieu des (pack)sacs de bagages et des lignes à pêche. Avec Pierre, Jean et … Arnie, notre guide indien.
Parce que, voyez-vous, à cette époque, trois blancs qui vont pêcher la truite de ruisseau sur le territoire Cri, c’était pas évident. Alors la présence d’un Cri (rémunéré) avec nous, bien que non-requise, se voulait fortement recommandée pour ne pas dire essentielle.
Bon, nous y sommes. L’hydravion reparti, une marche de deux kilomètres et nous arrivons au chalet, un espèce de shack tout décâlissé, la toiture défoncée de partout, sans aucun meuble. Pas grave ! On se sent authentiquement coureurs des bois.
Au premier souper, autour du feu, nous allons évidemment manger quelques prises de la journée, Coupage de tête, éviscérage et hop ! dans le poêlon. Me rappelle aussi de Arnie qui fait frire les viscères et qui va les manger. Ouache ! Il m’offre même une grappe d’œufs de truite frite. Ne voulant pas l’insulter, je vais essayer. Petite (minuscule) bouchée … mmmm ! c’est bon … mmm ! Encore, encore. Depuis ce jour, toutes les (trop) rares fois où j’en ai eu l’occasion, personne n’a le droit de toucher à mes œufs de truite. Caviar frais.
OK ! La première nuitée. On est à la mi-août. Un peu frisquet mais nous sommes bien enveloppés dans nos vrais bons sacs de couchage. Et puis la chose a commencé. Ciel parfaitement étoilé, sans la pollution luminaire humaine que nous connaissons plus au sud. C’est magnifique. Sauf … qu’il y arrive comme des flashes brefs qui disparaissent … et qui reviennent plus forts et … re-disparaissent. Je l’apprends de Pierre (un peu habitué quand même) : ça sera ma première aurore boréale.
Puisque j’étais justement dans la zone boréale, c’en fut toute une. Deux bonnes heures ininterrompues où ces mouvements lumineux gigantesques se voulaient tout simplement incroyables. Ça bougeait par en haut à un point tel qu’on pouvait facilement imaginer l’arrivée imminente d’ovnis. Comme une pseudo-crainte pour attiser et stimuler les frissons.
Petit, petit, petit que je me sentais. En pleine nuit, tout près (1000 km ?) de la calotte polaire d’où provenaient ces rebondissements de rayons solaires, avec l’impression que nous étions les seuls au monde à voir ce grandiose effet lumineux. Quand tu viens à peine de toucher le quart de siècle, ton enthousiasme naturel est toujours intact et, dans des moments pareils, tu souhaites ne jamais le perdre.
Bien sûr, j’ai revu des aurores boréales par la suite. Quatre ou cinq fois durant le dernier quart de siècle. Que voulez-vous ? Je suis un urbain … et le beau Réal ne vient pas souvent en ville. Dans les Hautes-Laurentides, sur les bords de la Yamaska, à St-Gédéon près du Lac St-Jean, j’ai revu, oui … mais jamais n’ai-je observé ce phénomène avec un tel éclat, une telle magnificence. Je vous la souhaite lors d’une de ces nuits … magiques.
7 commentaires:
J'ai déjà bossé dans le Grand Nord. Nous ne connaissons pas le ciel ici, faut bien le dire.
Les aurores? Magnifiques, moi j'ai perçu la chose comme un imense décor dressé là, devant nous. Nous étions les acteurs.
Accent Grave
Une façon originale de présenter la vision de cette chose qui sort vraiment de l'ordinaire.Parfois, les urbains que nous sommes désormais presque tous font un peu pitié...
Wow! j'm'ennui d'un beau ciel pur le soir... moi, ce que je me rappelle d'avoir vu c'était de jolies vagues rosées (j'avais 6 ans)
J'ai beaucoup de chance, je vois de temps en temps des aurores boréales. De mon Abitibi-Témiscamingue, on en voit parfois, même si nous sommes plus au sud que la Baie James.
Quand on a vu ça, on n'arrive plus à s'émouvoir d'un feu d'artifice, aussi spectaculaire soit-il. Ces aurores boréales, je les ai regardées pendant des heures avec mon filleul, un soir de juillet, qui les découvrait pour la première fois et s'en émerveillait. Après sa deuxième série de traitements en chimiothérapie, on ne savait pas quel avenir l'attendait. Je me souviendrai toujours de ses yeux éblouis, de son amour de la vie. L'histoire se termine bien, Richard est en complète rémission, il a grandi, est devenu un homme, il a maintenant 2 jeunes enfants et chaque fois que je vois des aurores boréales, j'ai l'espoir en la vie.
Des aurores boréales, j'en ai vu deux fois lorsque je vivais sur la Côte-Nord, dont une en particulier liée à un souvenir d'enfance inoubliable! Rien de dramatique comme le commentaire de Zoreilles, même si son histoire se termine bien.
Aucune n'avait les spectaculaires couleurs observées dans la zone polaire, mais le phénomène étant rare (la Côte-Nord étant tout de même trop au Sud), impossible de l'oublier.
Plus au nord, plus au sud = c'est pas important. Juste en voir une vraie sans la pollution lumineuse. Tout est là. Côte nord, Abitibi ou Baie James. Faut juste être chanceux et arriver au bon moment...
Bien écrit, bien dit ce texte par Crocomickey, sur un bonheur instantané.
D'ici en France, même dans mes montagnes du Vercors, elles ne viennent pas ces particules de vent solaire.
Et d'ailleurs quand est-ce la meilleure priode période en Abitibi pour les voir?
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