C’est ce cher Gérard qui ne fait re-plonger dans mes souvenirs avec son commentaire relatif à Bertrand Gosselin. Le partenaire de Jim Corcoran pour ce duo de guitaristes fort apprécié dans les années 70 et qui était connu avec le nom simplifié de … Jim et Bertrand.
Un soir en 1974 ou 1975. Ça se passe au Centre sportif de l’Université de Montréal. Le show se nomme «Solidarité Québec-Chili» dans les années suivant le renversement de Salvador Allende, le président communiste assassiné du Chili. La cause est bonne, mettons …
Bien placé sur le plancher, assis à une table ronde avec des amis. Et les estrades en arrière, pleines comme il se doit.
Le premier artiste, un poète chilien avec sa guitare, qui nous chante une complainte en espagnol. Pas fort mais bon, c’est pour la cause et on applaudit poliment ses deux tounes.
La deuxième prestation, c’est pour eux que j’y suis. Me rappelle pas le nom mais ils sont quatre (dont deux québécois) et ils jouent du stock que j’aime. Les ai vus deux mois auparavant dans un bar de l’Annonciation dans les Laurentides. Ils jouent du Crosby Stills Nash and Young et du Jethro Tull et ils sont magnifiques. J’adore.
Leur première chanson jouée, j’exulte … mais pas la foule qui émet même quelques huées. Kessé ça ? Je comprends assez vite cette réaction : ils chantent en anglais. Les « chou » se poursuivent pendant la deuxième chanson, je suis en tabarnak, et le band arrête le son et sort de scène. Je ne le prends pas : ces gars-là sont venus offrir leur musique bénévolement pour la cause et ils se font virer de la sorte …
Et arrive le MC Raymond Lévesque. Le grand poète (un peu) tata qui se permet quelques blagues sur les anglais … avec la foule qui veut bien rigoler. Ma température monte. Je me lève et je hurle des « Ta gueule » à Lévesque. Mes amis sont inquiets et me font signe de me calmer. Je suis tellement fru (même si l’expression n’existait pas à l’époque).
Puis arrivent Jim et Bertrand. Réception archi-chaleureuse de la foule que vous pouvez imaginer avec son lot de « révolutionnaires » pro-communistes-étudiants-libérateurs de peuples-etc. Après tout, c’est le show Solidarité Québec Chili …
Et les deux magnifiques bardes amorcent leur prestation avec leur grand tube qui s’intitule … Comme Chartrand. Voici les paroles …
Il a le front rond comme une ampoule.
Il a les yeux verts,
Ouverts sur les autres.
Il a une gueule
Comme Chartrand.
Il a une peignure en parachute.
Et puis une (maîtresse)
Entre parenthèses.
Il a une gueule
Comme Chartrand.
Il fume du tabac et cetera.
Il met ses principes
Sur une corde à linge.
C’est un bon citoyen:
Maoïste, léniniste,
Trotskiste, felquiste,
Qui se crisse
De tout, tout, tout…
Vous dire à quel point j’ai orgasmé d’entendre Jim et Bertrand livrer ces mots magnifiques et de ressentir le gros malaise dans la foule d’endoctrinés devenus gagas et tatas. Et moi de hurler avec eux dans le refrain : Maoiste, Léniniste, Trotskyste, Felquiste qui s’crisse de tout tout tout tout tout.
Mes amis qui secouent la tête devant mon exubérance. Ma joie immense mais surtout ma totale admiration devant le guts et le courage de Jim et Bertrand qui ont décidé de narguer cette foule de conards qui venaient tout juste d’insulter des musiciens qui n’avaient pour défaut que la langue anglaise.
J’étais repu après cette chanson. Sourire imprimé dans la face. Assez pour finir la soirée et ne pas (vraiment) me rappeler des autres artistes.
Jim Corcoran et Bertrand Gosselin, merci encore …
Un soir en 1974 ou 1975. Ça se passe au Centre sportif de l’Université de Montréal. Le show se nomme «Solidarité Québec-Chili» dans les années suivant le renversement de Salvador Allende, le président communiste assassiné du Chili. La cause est bonne, mettons …
Bien placé sur le plancher, assis à une table ronde avec des amis. Et les estrades en arrière, pleines comme il se doit.
Le premier artiste, un poète chilien avec sa guitare, qui nous chante une complainte en espagnol. Pas fort mais bon, c’est pour la cause et on applaudit poliment ses deux tounes.
La deuxième prestation, c’est pour eux que j’y suis. Me rappelle pas le nom mais ils sont quatre (dont deux québécois) et ils jouent du stock que j’aime. Les ai vus deux mois auparavant dans un bar de l’Annonciation dans les Laurentides. Ils jouent du Crosby Stills Nash and Young et du Jethro Tull et ils sont magnifiques. J’adore.
Leur première chanson jouée, j’exulte … mais pas la foule qui émet même quelques huées. Kessé ça ? Je comprends assez vite cette réaction : ils chantent en anglais. Les « chou » se poursuivent pendant la deuxième chanson, je suis en tabarnak, et le band arrête le son et sort de scène. Je ne le prends pas : ces gars-là sont venus offrir leur musique bénévolement pour la cause et ils se font virer de la sorte …
Et arrive le MC Raymond Lévesque. Le grand poète (un peu) tata qui se permet quelques blagues sur les anglais … avec la foule qui veut bien rigoler. Ma température monte. Je me lève et je hurle des « Ta gueule » à Lévesque. Mes amis sont inquiets et me font signe de me calmer. Je suis tellement fru (même si l’expression n’existait pas à l’époque).
Puis arrivent Jim et Bertrand. Réception archi-chaleureuse de la foule que vous pouvez imaginer avec son lot de « révolutionnaires » pro-communistes-étudiants-libérateurs de peuples-etc. Après tout, c’est le show Solidarité Québec Chili …
Et les deux magnifiques bardes amorcent leur prestation avec leur grand tube qui s’intitule … Comme Chartrand. Voici les paroles …
Il a le front rond comme une ampoule.
Il a les yeux verts,
Ouverts sur les autres.
Il a une gueule
Comme Chartrand.
Il a une peignure en parachute.
Et puis une (maîtresse)
Entre parenthèses.
Il a une gueule
Comme Chartrand.
Il fume du tabac et cetera.
Il met ses principes
Sur une corde à linge.
C’est un bon citoyen:
Maoïste, léniniste,
Trotskiste, felquiste,
Qui se crisse
De tout, tout, tout…
Vous dire à quel point j’ai orgasmé d’entendre Jim et Bertrand livrer ces mots magnifiques et de ressentir le gros malaise dans la foule d’endoctrinés devenus gagas et tatas. Et moi de hurler avec eux dans le refrain : Maoiste, Léniniste, Trotskyste, Felquiste qui s’crisse de tout tout tout tout tout.
Mes amis qui secouent la tête devant mon exubérance. Ma joie immense mais surtout ma totale admiration devant le guts et le courage de Jim et Bertrand qui ont décidé de narguer cette foule de conards qui venaient tout juste d’insulter des musiciens qui n’avaient pour défaut que la langue anglaise.
J’étais repu après cette chanson. Sourire imprimé dans la face. Assez pour finir la soirée et ne pas (vraiment) me rappeler des autres artistes.
Jim Corcoran et Bertrand Gosselin, merci encore …
13 commentaires:
Cette semaine à Musimax on a eu une chanson de jim et bertrand et mon fils m'a demandé qui étaient ces pouilleux... :)
J'ai souris et j'ai dit: Des hosties de bons pouilleux.
Jim est ma muse du moment.
Nice muse !
Tu l'aimes pas, Raymond Lévesque? C'est un de nos grands, moi je trouve! Heille, « Quand les hommes vivront d'amour », « Bozo, les culottes » et d'autres... Bof, on ne peut pas tout le temps être d'accord!
Jim et Bertrand, là on s'entend. C'était tout un univers, un symbole, une époque. Ch'veux longs, boucane, vin Matheus, chemises de chasse, harmonies de voix et de guitare, odeurs de splif...
@ Zoreilles
Raymond Lévesque, c'est vrai, il en a écrit des belles. Mais ça remonte quasiment à l'Avant-Guerre. Comme personnalité, ça n'a jamais été fort fort, à part son tit-air miséreux et gêné.
Grand patriote, mais oui et il n'a jamais lâché. Mais, jouer le jeu des tatas et faire chier des jeunes musiciens qui voulaient simplement jouer de la musique et chanter, c'est complètement conard, tata et ça lui allait comme un gant ! Voilà !
Sais-tu ce que je trouve le fun, Croco? On n'est pas d'accord sur tout, pis c'est ben correct, pis on s'aime ben pareil!
Et ça m'inspire une réflexion qui va bien au-delà de Raymond Lévesque... Quand on est pour quelque chose, même très fort, comme Raymond Lévesque qui défendait des convictions formidables, par ailleurs, est-ce que ça veut dire qu'on doive automatiquement être contre l'argument adverse? Non, justement!
Un Québec qui se tient debout, des valeurs souverainistes, défendre notre langue, notre culture, notre appartenance, ça ne veut pas dire se fermer au reste du monde, c'est même tout le contraire.
Ce soir-là, Raymond Lévesque et les gens dans la salle ont fait beaucoup de tort aux idées qu'ils défendaient...
Dans les années 1970, je jouais "du chansonnier" avec deux autres gars. Notre répertoire comportait du Jim & Bertrand, du Charlebois, de la Révolution française, du Séguin, du Yvon Deschamps, etc...
Mais il y avait aussi du Crosby Still Nash & Young, du Cat Stevens, du Shawn Pillips, du Bob Dylan, The band, Beatles et autres.
C'est arrivé, un soir, à la brasserie Électra au Cap de la Madeleine qu'on se soit fait huer d'aplomb en commençant une toune de Dylan.
Le monde était pas mal réchauffé et ça a failli tourner au vinaigre. Puis, finalement, on a été sauvés grâce à "Bye bye nuages" de J & B et on a poursuivi avec "En plein hiver" de Cano.
Pourtant, Blowin' in the wind n'a rien d'une chanson écrasante pour le Québec... Mais bon. C'était une façon de s'exprimer dans le temps que de conspuer aveuglement l'anglais...
Bon, j'pense m'a aller m'rouler un spliff! ;-)
"Des hosties de bons pouilleux."
T'as raison Do, pis des pouilleux barbus et chevelus, y en avait toute une maudite gang à cette époque qui semble d'un autre siècle.
Jim et Bertrand, tout un duo avec une musique qui traverse très bien le temps.
Ce soir là, Raymond Levesque a manqué une belle occasion de se taire. Le Québec indépendant,
c'est plus qu'une question de langue.
Je vais dire comme un certain Général en 1967 :
"Vous m'avez compris !".
:-)
Ab ben là, j'ai aucun souvenir de cà...
A moins que les effluves de spliff de Barbe blanche...
Et pourtant, j'en ai vu des shows à l'UdeM. On y allait gratis, mes chums étaient organisateurs et nous faisaient entrer par le stage. Je veux pas vous écoeurrer, mais j'en ai vu des groupes, dans les loges...
De Genesis (avec Peter Gabriel)à Supertramp et Babe Ruth...de Ville Emard à Allan Stivell...
Raymond Lévesque...
Le fou du roi dans l'émission "Coucou" avec Germaine Dugas le samedi matin, entre Pépinot et Capucine et Maman Fonfon...
(Zoreilles, tu te souviens de ça? Je ne dirai rien sur ton âge...mouâ...)
@ Gérard
Shawn Philips...Je pensais être toute seule à me souvenir de lui.
Je revois encore la pochette d'un disque, vu de dos, avec ses longs cheveux.
Wow...
@Claire
Dis donc tu as les mêmes goûts musicaux que moi toi? Et Shawn Phillips, je me souviens parfaitement; je l'ai vu en spectacle à la PDA quand j'avais 18-19 ans. L'album que tu mentionnes je l'ai écouté ad nauseam...si j'ose dire.
;)
J'étais pas né dans le temps où se passais ton histoire. Mais j'aurais crié mon indignation avec toi. Et Jim et Bertrand rockent.
- Dan de la Montagne.
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