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dimanche 20 mars 2011

Faut que je vous raconte ...

Hier soir, avant d’aller rejoindre mes chums pour le combat de Lucian Bute en fin de soirée, je suis allé dans une autre belle réunion pour célébrer le retour de Chantal à la direction générale du Resto-Plateau, un organisme social majeur dans notre Montréal. Buffet cool et plein d’ami(e)s heureux du retour de la dame aux commandes de l’organisme qu’elle avait mis sur pied au siècle dernier.

Ça se passait chez Pierre, genre Fullum et de Rouen dans l’est de la ville. J’arrive un peu avant 18 heures pour constater que je suis … le premier arrivé. Nadège arrive 10 minutes plus tard et Pierre me donne un $20 en me demandant d’aller chercher de la bière au dépanneur du coin.

J’enfie mon manteau et je me dirige vers le dépanneur, genre une centaine de mètres à marcher. J’entre et j’aperçois le gars derrière le comptoir. Un chinois, jeune et au début de la vingtaine. Grand, peau de bébé et lunettes qui lui donne un air intello.

Je prévois ajouter de ma poche quelques dollars au billet de $20 de Pierre. Pour évaluer la chose, je demande au jeune homme :

- C’est combien une caisse de douze Molson Dry ?

- We.. wou … what ? qu’il me répond

- Une caisse de 12 Molson, c’est combien ?

- Heu …

- Cou donc, tu ne parles pas français ?

- Petit peu …

- You don’t speak french in Montreal ? que je lui demande.

-

- Well, OK ! So what’s the price for twelve Molson Dry ?

- I don’t know !

- How come you don’t know ? You work here, don’t you ?

- Well sir, you go to the frig, you bring back what you want, then I scan it and I tell you the price.

Là, je suis assommé. À court de mots ou presque. Je me dirige vers le frigo en lui disant à voix haute

- I never met such an idiot person in a dépanneur in all my life

Pas de réplique. Je reviens au comptoir avec une douze et je lui demande :

- Tell me the price without empty bottles (je n’ai pas de bouteilles vides)

La face du gars change. Il a l’air de paniquer et me demande ;

- You want the price without bottles ? You want to bring the beer with you in liquid ?

Je ne croyais pas ce qui m’arrivait. On a beau penser à un piège genre Caméra Cachée, mais non ! Je transige avec un gars sérieux et complètement gaga. Pas envie de lui faire comprendre a, b ou c. Je perdrais mon temps. J’ai déposé les dollars, il m’a remis le change et je suis sorti du commerce en secouant la tête.

Évidemment, j’ai raconté l’anecdote à quelques reprises dans la soirée. Et je l’ai re-racontée plus tard aux potes de la soirée de boxe. Hilarité bien sûr. Et je termine mon méméring avec vous autres …

Post-scriptum : je n'ai rien inventé ni exagéré dans cette petite anecdote innocente ...

vendredi 28 janvier 2011

Il y a 25 ans aujourd'hui ...

La navette Challenger explosait en plein vol.

Moi j'arrive à la Brasserie Québécoise. Je ne sais rien de cet événement. Je m'assois, commande un bock et j'observe le départ de la fameuse navette à la télé de la brasserie..

Soudain, PAF, ça explose.

Je capote ! Je me lève debout et je crie au monde : "Hey ! Regardez ça ! Hey ! La navette vient d'exploser !"

Le monde est plutôt calme. Personne ne semble touché par la chose.

Jusqu'à ce qu'un voisin charitable me dise : "Énerves-toi pas de même. C'est des reprises. Ça fait deux heures que c'est arrivé".

Un gars a l'air tata ...

samedi 15 janvier 2011

L'accouchement

C’est un grand moment dans ma vie. Début mai 1977. J’arrive à l’hôpital Saint-Michel avec ma Denise qui va accoucher de notre premier enfant. Les « eaux » ont crevé et commencé à couler. Nous sommes fortement sur les nerfs, notamment parce que le bébé sera prématuré (environ 4 semaines).

Bon ! On installe Denise dans une chambre près de la grande salle des accouchements. Et commence l’attente. Et ces crampes abdominales qui reviennent à intervalles plus rapprochés et qui font souffrir Denise. Je suis à côté d’elle pour lui frotter doucement la bedaine et surtout l’encourager : c’est le plus grand jour de notre vie. Lorsqu’elle réussi à se calmer et que les douleurs s’amenuisent, je sors de la chambre pour la laisser se reposer et aller me changer les idées dans le corridor. Quand elle recommence à geindre ou gémir, je vais aussitôt la rejoindre et ainsi de suite.

Bizarrement, je me souviens très bien qu’il y avait un monsieur italien qui vivait la même chose que moi sur l’étage ce jour-là. Mais lui, contrairement à moi, il sortait de la chambre de sa femme … quand les douleurs commençaient et retournait la voir quand les cris de souffrance arrêtaient. « Pas capable de voir ma femme souffrir » m’avait-il dit.

Je fais un peu de fast forward pour arriver au moment où j’ai l’air fou … parce que ceux qui me connaissent un peu savent très bien que dans ces grands moments de ma vie, j’ai cette curieuse manie de me ridiculiser bien involontairement.

Nous sommes donc dans la salle des accouchements. Denise est bien installée sur la table, les jambes en l’air avec le docteur qui l’encourage et lui donne les conseils et quand « forcer ». Moi je suis à l’autre extrémité de la table, près de la tête de Denise que je tiens entre mes deux mains et que je bécote en l’encourageant.

Le petit Jean-François s’en vient. Il va sortir. Mais je ne vois pas bien dans le miroir au dessus de la table. Je me lève donc debout et me penche pour mieux voir la « sortie » du tunnel de Denise. L’infirmière me demande de m’asseoir et de regarder dans le miroir. Ce que je fais contre mon gré puisque je n’y vois pas grand chose dans le kriss de miroir.

Le travail progresse. Je suis énervé et, je me relève encore pour mieux voir la grande sortie de mon fils. L’infirmière me remet la main sur l’épaule et m’ordonne de m’asseoir et de regarder dans le miroir.

« On voit rien dans votre kriss de miroir » que je réplique en montrant du doigt le fameux miroir.

Et là l’infirmière de me répliquer :

« Ça monsieur, c’est pas le miroir. C’est la lampe d’éclairage avec son dessous bombé en chrome. Le miroir, le vrai miroir, il est sur la gauche, juste là ».

J’ai regardé sur la gauche et aperçu un magnifique et formidable miroir de 1 mètre par 3 mètres qui m’a montré absolument tout de l’arrivée sur terre de mon futur pompier. Absolument tout !

Moi qui regardais dans ce rond de chrome (comme on voit déformé dans une bouilloire chromée), j’ai donc été la risée du personnel de l’obstétrique pendant quelques instants. Pas grave, notre bébé pesait 5 livres et deux onces, donc juste assez lourd pour éviter un séjour en incubateur.

jeudi 21 octobre 2010

Garland Jeffreys et moi ...

Une autre « brillante » intervention du blogueur. Ça se déroule au Festival de Jazz, je dirais vers les 2002. Dans le centre-ville, une petite scène pas très loin de celle (plus grande) du Blues. Deux spectacles collés de Garland Jeffreys. J’adore ce chanteur grand ami de Lou Reed et qui nous a livré des succès tels que Spanish Town, Wild in the Streets et New-York Skylights.

J’y suis avec Chantal et, pour le premier spectacle, nous avons même déniché nos places à l’avant, bien assis à une table avec nos bières à la main. Garland Jeffreys impeccable comme d’habitude (je l’avais déjà vu au Club Soda en 1990) avec son éternel chapeau. Il y avait d’ailleurs une patère sur scène avec une dizaine de couvre-chefs qu’il a utilisés au gré de son bon vouloir. Et les tubes qui défilent et font le bonheur de l’assistance …

Puis le premier show se termine. Il reprendra dans une heure nous prévient-on. On reste à nos tables et attendons le prochain départ. Un peu plus tard, j’aperçois un petit attroupement sur le côté droit de la scène. En observant davantage, je me rends compte que c’est bel et bien Garland Jeffreys qui signe des autographes. Hey ! Mais je vais y aller bien sûr !

D’autant plus que j’ai avec moi un CD contenant plusieurs chansons de l’artiste. Un CD que m’a fait mon pote, bien connu sous le vocable de Mister Love, et sur lequel la pochette est remplacée par une feuille contenant la liste des tounes inscrites et leurs auteurs. Voilà l’image que vous voyez en haut du texte.

Je me place donc en ligne derrière la dizaine de fans devant moi et on avance lentement. Garland est là et il signe des choses tout en échangeant quelques mots rapides avec chacun. Tout petit qu’il est (5 pieds deux pouces max !), avec son chapeau (bien sûr), sa chemise écarlate de couleurs et ce sourire reggae.

J’arrive. C’est mon tour. Il regarde mon disque, me regarde la face, signe le document et me dit (en anglais) : « La prochaine fois, man, achète donc un disque neuf. Ça serait plus sympathique et agréable à signer … ». Il a vraiment signé (cliquez la photo, vous verrez).

J’ai alors réalisé ma bêtise de conard et suis reparti la tête entre les deux jambes.

Mais le deuxième spectacle était quand même meilleur que le premier. Un pro, je vous dis !

mardi 12 octobre 2010

Tex Lecor (suite et fin)

Vous vous rappelez des fameuses Insolences au Téléphone que faisait Tex Lecor à la radio (CKAC, sauf erreur). J’en ai une autre pas pire à vous raconter.

Je vous ai dit dans mon billet précédent que j’avais rencontré Tex dans les années 90 au Boudoir du Nord sur la rue Saint-Denis. Il était arrivé sur le tard, habillé en motard, avec deux superbes poupounes très sexy. En fait, ils revenaient du show annuel Harley-Davidson.

Après avoir placoté un peu avec Tex (dont ce souvenir de mon adolescence), je suis sorti dans l’entrée du bar et j’ai utilisé le téléphone public. Le barman du Boudoir a répondu et j’ai demandé pour parler à Tex Lecor.

- Salut Tex !

- Salut !

- C’est moi Louis-Paul ! (Allard, son ami co-animateur radio et télé)

- Ah ben salut Louis-Paul.

- Là j’viens de te pogner avec deux poupounes blondes dans un bar !

- Comment t’as appris ça toué ?

- J’ai mes contacts. M’as t’en parler demain. Salut !

Et j’ai fermé la ligne. Quinze minutes plus tard, je suis retourné au bar pour demander à Tex s’il avait eu un téléphone de son chum Allard.

- Comment tu sais ça toué ?

- Ben, c’était moi et je t’ai pogné à MES INSOLENCES !

- Ah ben câlisse ! Waiter ! Enweille--z-y une autre bière !

Voilà comment j’ai piégé le roi des insolences au téléphone.

Rigoureusement exact !

lundi 11 octobre 2010

Tex Lecor, le dernier des vrais

C'était son slogan à l'époque ...

Hier soir, j’écoutais l’émission de Guy A lorsque Tex Lecor est arrivé. En passant, la fameuse toune Le Frigidaire n’est pas de lui mais bien du madelinot Georges Langford qui lui en a cédé les droits. (De source sûre, j'ai appris que la SRC avait reçu plusieurs téléphones et courriels de madelinots réclamant que Guy A précise l'origine de la chanson).

Tex disais-je, septuagénaire et fort sympathique qui nous apprend qu’il est sobre depuis maintenant 18 ans. Ce qui m’a rappelé cette anecdote qu’il me faut vous rapporter.

Dans les années soixante, je suis dans l’adolescence. Un bô carnaval d’hiver dans mon village de Thurso dans l’Outaouais et cette année, la grande vedette du grand spectacle du samedi soir présenté dans la salle de l’école Maria-Goretti, hé bien ça sera le chansonnier fort connu Tex Lecor !

Fin de l’après-midi, je me dirige vers la salle de réunion (et bar privé) des Chevaliers-de-Colomb. Mon père, le patron du groupe, me permet de brèves incursions pour visionner la télévision en couleurs (!!!) l’une des seules du village. J’y arrive donc et j’y vois mon père avec son air inquiet. Les Chevaliers sont les organisateurs du Carnaval et Tex Lecor est dans la place avec son frère. Mais dans quel état ! Tex est assis à une table et son haut du corps complètement allongé sur cette fameuse table : il est saoul ben raide.

Me rappelle avoir vu papa parler au frère de Tex et lui dire qu’il avait un show à donner dans les deux heures. Le frère en question a rétorqué : « Inquiétez-vous pas monsieur, je vous garantis qu’il va vous donner le meilleur show de sa vie ! ». Rien de moins !

Et le frère de traîner Tex vers les toilettes pendant que tout le monde présent affichait un air d’incrédulité.

Ils sont ressortis environ quinze minutes plus tard. Tex se frottait les yeux. Je suis parti.

Plus tard dans la soirée, assis dans la première rangée, j’ai vu ce gaillard donner un show formidable, avec toutes ces histoires folles racontées entre chaque chanson. Un professionnel sur toute la ligne.

J’ai revu Tex dans les années 90, dans un bar de Villeray sur la rue Saint-Denis, aux petites heures. Je l’avais abordé et pris une bière avec lui. Je lui ai raconté mon souvenir d’adolescence et il n’en avait évidemment aucun souvenir.

De voir son fier sourire quand il a déclaré son abstinence de 18 ans à Guy A, je l’ai cru.

lundi 6 septembre 2010

La calvitie et ... les enfants

C'était à Labelle dans les Laurentides, ya une bonne vingtaine d'années. J'étais dans une chambre chez mon pote Hubert avec nos deux fils âgés d'environ 10 ans. Mon JF bien sûr et ce grand Francis, presque du même âge mais beaucoup plus grand.

Soudain mon fils me dit : "Pa ! Francis est un peu gêné de te le demander lui-même alors je vais le faire. Comment ça se fait que t'as perdu tes cheveux ?"

La chose semblait les intriguer fortement. Alors j'ai regardé Francis directement dans les yeux et avec insistance dans le visuel et la confidence, je lui ai avoué : "C'est parce que quand j'étais jeune, j'ai grandi trop vite et je suis passé au travers de mes cheveux ..."

Me souviens encore de la face paniquée du "grand" Francis ... que j'ai évidemment rassuré dans la minute qui a suivi.

mardi 27 juillet 2010

L'élève a dépassé le maître

Le Festival Juste pour Rire vient de compléter son édition 2010 sur le nouvel emplacement de la ville. Gros succès avec de nouveaux volets. De quoi faire bomber le torse de Gilbert Rozon. Ça m’a fait revenir ce souvenir qui, je le crois, vous laissera pantois …

1973. Montréal. Comté Laurier. La deuxième élection du Parti Québécois contre Robert Bourassa. Le comté est divisé en quatre secteurs dont celui de la Petite-Italie pour lequel je suis le responsable en chef. À partir du bureau situé sur Saint-Denis, entre Jarry et Gounod, je dirige une équipe de quarante bénévoles travailleurs d’élection. C’est le jour J et chacun a son travail à faire. Ne me reste qu’à coordonner tout ça.

Parmi ces bénévoles, j’ai un certain … Gilbert Rozon, un pur inconnu, qui est mon « runner », c’est-à-dire qu’il est celui qui fait la tournée des bureaux d’élection du secteur pour ramasser les relevés qui nous indiquent qui sont ceux et celles qui ont déjà voté, de façon à effectuer une relance téléphonique efficace.

Je me souviens que Gilbert Rozon avait une vieille Volvo noire : l’ancien modèle dont le profil latéral se voulait une sorte de demie-lune. Cheveux longs, blonds, me souviens qu’il n’était pas très bavard (surprenant aujourd’hui …) et qu’il était fort efficace. Et qu’il m’avait aussi confié qu’il faisait ce travail pour apprendre comment ça se passait dans un groupe, comment « organiser ».

Ai-je besoin de répéter le titre ?

jeudi 3 juin 2010

Parfois, on est vraiment ... tata

Et je le fus.

Fin des années 80 je crois. Je m’en vais dans le nord avec mon chum Robert Valiquette. Le frère du très connu musicien Gilles. En hiver, début de soirée, on s’en va chez Claude Dubois à St-Adolphe. Dans sa maison retirée dans le bois, l’artiste a un studio très équipé et Robert s’en va livrer une « puce » informatique quelconque qui va améliorer le système dudit studio. Je l’accompagne et je suis fébrile à l’idée de rencontrer, chez lui, ce chanteur que j’admire.

Petite route finale dans la noirceur, on arrive. Entrée par l’arrière où de grandes portes vitrées coulissantes donnent directement sur la pièce qui sert de studio. J’y aperçois cinq ou six personnes qui « travaillent » en jouant de la musique mais … pas de Dubois.

J’entre avec Robert et le responsable du son serre la main de mon chum, déplogue une pièce du système sonore (genre l’ampli que vous avez dans votre salon) et nous amène avec lui dans une pièce latérale. Ce faisant, il nous apprend que Claude Dubois n’est pas présent et qu’il arrivera plus tard. J’en profite pour observer les alentours et je constate que la place est belle, pleine de boiseries magnifiques dont cette rampe d’escalier qui mène à l’étage supérieur. Bien belle place pour vivre, me dis-je.

Le techno ouvre la petite boîte et Robert y installe cette minuscule chip qui va améliorer la sonorité, ou quelque chose du genre. Placotage de quelques minutes. On écoute un peu les gars jouer et les salutations suivent : nous repartons.

On re-roule dans la noirceur et nous arrivons dans le village de St-Adolphe. Avant de prendre l’autoroute du Nord, Robert propose d’aller prendre une bière dans le bar central du village. Nous y entrons et on s’installe directement au bar. Un bar en « U ». Une fois assis, on aperçoit, installé en face, de l’autre côté du bar … Claude Dubois. Il est assis face à une petite machine de poker comme il y en avait à cette époque sur les comptoirs. Et l’artiste pianote les touches et joue avec les cartes sur son écran.

Il aperçoit soudainement Robert et lui envoie un signe de la main, ce à quoi mon chum répond avec un geste et un sourire. Dubois lance un appel à la serveuse et lui indique de nous servir une bière. Sympa.

Mais, bon, pas question d’aller le déranger dans son gambling. On est d’accord Robert et moi. On boit notre blonde broue et on s’en commande une dernière « for the road ». On a quand même remarqué que Dubois est pas mal … chaud ou ivre si vous préférez. Il chambranle un peu (même assis) et ça nous fait sourire.

La deuxième bière terminée, nous remettons nos manteaux et, avant de quitter, Robert va quand même aller saluer le chanteur. Je le suis et nous faisons le tour du bar pour arriver à ses côtés.

Robert salue Dubois en lui serrant la main et l’informe que nous arrivons de chez lui où il a installé la fameuse puce pour le son.

« J’ai amené mon chum Mickey avec moi … » ajoute-t-il.

Dubois se retourne vers moi et me tend la main. En serrant la sienne, je lui dis :

« C’est pas mal beau chez vous. Il y a beaucoup … du bois ».

Il a bien essayé de sourire un peu en réaction à ma grosse blague, m’a répondu quelque chose comme « ah wouain » et a regardé Robert avec un air interrogateur qui en disait long …

En roulant sur l’autoroute en direction de Montréal, mon pote Robert m’a dit une dizaine de fois (sans exagérer) : « Essti qu’t’es con ! ».

Mettons que j’ai réalisé que ça n’était pas ma meilleure …

samedi 8 mai 2010

Coupable !

C’était au milieu des années 80 si je ne m’abuse. Je suis passé devant un juge pour possession de … quelque chose. Puisque c’était une première offense, j’étais décidé à plaider coupable et recevoir une amende, alors je ne voulais pas d’avocat.

Le juge m’a suggéré d’en prendre un d’office mais j’ai refusé en l’informant de mon intention de plaider coupable. Alors le procureur fait la lecture de l’acte d’accusation et le juge me pose la fameuse question.

Coupable, que je réponds.

Alors le juge me dit :

" Je vous condamne à une amende de $150 avec trois mois ! "

Je dois sûrement avoir blanchi. Je n’en croyais pas mes oreilles. Trois mois en prison !

QUOI ? ai-je dit au juge.

Celui-ci me rétorque : « Alors ce sera six mois ! ».

J’ai sûrement vacillé en pensant que mon existence allait s’écrouler.

Voyant la chose, un avocat s’est approché de moi et m’a demandé si ça allait.

« Je comprends pas, lui ai-je répondu. Six mois de prison pour ça ? »

Et l’avocat de me dire avec un léger sourire :

« Vous n’avez pas bien compris. Le six mois, c’est le délai pour payer l’amende … ».

J’avais un copain dans la salle qui m’accompagnait. Il a ri de moi tout le long du retour à la maison …

Anecdote authentique, ai-je besoin de préciser.

mercredi 7 avril 2010

Pipes à l'érable

C’était un samedi de mars, il y a cinq années. Cabane à sucre à La petite Coulée dans la bourgade de Saint-Esprit, au nord de Montréal. Nous sommes une quarantaine dans une cabane qui en contient environ le triple.

Une randonnée dominicale et familiale avec de nombreux enfants qui couraillent entre les tables. Pas de presse chez ce traiteur. Tu amènes ta boisson et, pour $18, on va te bourrer la face à volonté et ce, sans jamais te pousser vers la sortie pour accueillir la prochaine brochette de clients. Une seule tablée par jour. Sympathique !

Tout ça pour vous raconter comment mon pote (appelons-le Yussef) s’est fait piéger à double tour par sa femme (appelons-la Aisha). Cette dernière mourait d’envie pour aller faire cette petite virée en charrette tirée par la grosse jument et ses clochettes. Mais pas Yussef qui se faisait prier. Et qui se faisait prier encore.

Aisha insiste et Yussef résiste. Vous allez voir ici comment l’islam n’a jamais eu d’emprise sur cette femme. D’un ton sec, Aisha lance à son Yussef : «Si tu m’accompagnes pour la randonnée, en retour, je te ferai deux pipes!».

Changement total d’attitude chez Yussef. Le sourire devient radieux, et il s’empresse d’enfiler son Kanuk pour ne pas manquer le départ de la carriole. Et les tourtereaux quittent la cabane.

Pendant la randonnée, nous informons tous les autres du tour pendable que Aisha s’apprête à exécuter à son Yussef. Une vingtaine de minutes et nous entendons le tintement des clochettes: ils arrivent.

Une fois revenus à l’intérieur, Yussef se défait de son manteau et, juste au moment où il va s’asseoir, Aisha lui lance : «Mon chéri, je vais régler ma dette tout de suite ».

Elle s’approche alors de Yussef et, avec tous les regards convergeants, lui touche deux fois le bout du nez avec l’index en lui disant : «Pip! Pip!»
.
Après avoir entendu l’éclat de rire général, Yussef a semblé hésitant quelques secondes, mais lorsqu’il a compris le vrais sens du Pip Pip, il est devenu rouge comme un homard.

Histoire authentique. Seuls les prénoms ont été arabisés.

mercredi 31 mars 2010

Espionnage de col bleu

Suite à cette photo d’hier matin sur les cols bleus, me suis rappelé cette anecdote que j’avais vécue en début d’automne 2006. Je l’avais alors décrite sur Planète Québec et, me semble-t-il, c’est le bon moment pour vous mettre au courant.

Cette anecdote est authentique, je le jure.

Vendredi matin, vers les 9 heures, coin Bélanger / de Lormier dans le quartier Rosemont, j’arrive pour prendre mon autobus. J’y aperçois un camion rouge de la Ville de Montréal stationné en sens inverse tout près du poteau des feux de circulation. Un col bleu exécute certaines opérations dans l’armoire de contrôle des lumières.

Question de le taquiner un peu, je lui demande si le système/espion GPS est en fonction sur son camion (c’était la nouvelle du jour). Il me répond par la négative, en souriant, et nous entamons une brève conversation sur les hauts et les bas de la réputation des cols bleus.

L’autobus arrive, je le salue et hop, direction Plateau Mont-Royal. Sur l’Avenue, bref séjour aux Postes pour expédier un petit colis à Kelowna, et une visite chez la pharmacienne de Jean Coutu pour une crème quelconque.

J’en ressors et que vois-je coin Mont-Royal / Bordeaux ? Un camion rouge de la ville qui s’affaire aux feux de circulation. M’en approchant, je constate que c’est MON col bleu qui est à l’œuvre. Je le fais sursauter avec un Ha Ha digne du pharmacien Famili-Prix à la télé.

Le col bleu me demande si, par hasard, je ne serais pas Inspecteur pour la ville. Rigolade, salutations et je me dirige vers le commerce Farfelu où je réalise une première entrevue avec le proprio. Quelques photos et je repars vers Folie en Vrac pour une nouvelle entrevue et d’autres photos.

Je prends le métro Mont-Royal vers midi, et je m’arrête à la station Jarry dans le quartier Villeray. Un arrêt à la SAQ pour le weekend et je me dirige finalement vers la Brasserie Québécoise pour dîner et prendre un pot avec mes chums.

J’aperçois, coin Drolet / Jarry, un autre camion rouge de la Ville. Je m’en approche en me disant : « Non, non, non! Ça serait incroyable! ». Mais oui. C’était le même travailleur-électricien-col-bleu ! Là, il n’en revenait tout simplement pas lui non plus.

J’ai terminé la conversation en lui disant de ne pas s’inquiéter pour mon rapport: il sera très positif. Voilà, c’est fait !

jeudi 25 mars 2010

Une journée grandiose

Mais oui ! Dans une presqu’autre vie, j’étais séminariste chez les Pères Montfortins à Papineauville dans l’Outaouais. Les deux années précédant l’Expo 67.

Même si mon patelin (Thurso) n’était qu’à 25 km, j’y étais pensionnaire, tout comme les 250 autres jeunots isolés de la civilisation du village voisin.

Les séjours à la maison ? Quatre jours à la Toussaint, deux semaines pour les Fêtes, cinq jours pour les Pâques et les deux mois des vacances d’été.

Levée des corps à 5h 45, messe matinale tous les jours, études (le cours classique bien sûr), chapelet collectif en après-midi, prières en soirée avant de regagner le dortoir à 21h.

Tous autant que nous étions, nous soupçonnions chaque Père, qu’il soit prof ou administrateur, d’être homo ou fif, l’expression gay n’existant pas à l’époque. Nous étions tous sur nos gardes et fort vigilants.

Chaque séminariste devait choisir un Père qui ferait office de «directeur de conscience». Ce titre n’est pas une blague mais rigoureusement authentique. Trois ou quatre fois par année, il nous fallait rencontrer ce fameux Père pour discuter de notre avenir et autres préoccupations.

Vous ne le croirez pas, mais ces discussions se déroulaient . . . dans la chambre du Père, une minuscule pièce d’environ 15 pieds par 9 pieds. Jamais n’y ai-je connu d’incidents déplacés ou d’allusions malveillantes avec le Père Jacques qui se voulait également mon prof de latin.

Étrangement, aucun scandale ni rumeur fondée n’ont fait surface au cours des deux années que j’ai passées dans cette geôle. Que des suppositions et potins sans conséquence.

Dans les faits, j’y suis resté un peu moins de deux années. Détestant cet internement et ne parvenant pas à convaincre mes parents de m’en retirer, j’ai amorcé une séquence de cancre et de délinquant. Me suis même enfui, la nuit aidant, sur le pouce pour retourner chez nous et devoir y revenir, penaud, le lendemain.

Nous avions des classes toute la journée du samedi, question de compenser pour les après-midi du mardi et du jeudi qui étaient consacrées aux sports.

Ce samedi de la fin avril 67, lorsque le Père directeur m’a fait sortir de la classe pour m’aviser que mon véritable père m’attendait dans le hall d’entrée, j’étais on ne peut plus perplexe : les visites n'étaient pas permises le samedi.

Je me revois encore inquiet, m’approchant de papa qui affiche un air solennel.

- Es-tu tanné d’être icitte mon Bé ?
- Ça fait des mois que j’vous l’dis !
- Ramasse tes affaires, tu t’en r’viens à la maison !

Voilà ! Je viens de vous confier un moment exceptionnellement radieux de mon existence : l’amour et la compréhension de mon père . . .

vendredi 19 février 2010

Souvenir à Vancouver

Dans Vancouver même, ya pas beaucoup de montagne. La ville est collée sur la beach de l’océan Pacifique. Mais quand vous êtes dans la ville, vous voyez les montagnes au loin. Pas si loin. Mettons entre 50 et 60 minutes du centre-ville pour arriver au pied de la montée.

Souvenir. Nous arrivons en kekpart dans une des montagnes avoisinantes. Denys, Manon, Jean-Louis et Marlene avec le blogueur. Ya un sentier à suivre, bien balisé pour une petite ballade pépère que nous amorçons. Quelques écriteaux avertissant les promeneurs que la saison est propice (ou dangereuse) en raison de la présence d’ours … On nous suggère même de porter des grelots qui avertissent les grosses bibittes de notre présence pour ne pas qu’elles soient surprises de notre passage, ce qui serait très mauvais pour notre santé.

Nous faisons le trajet avec une certaine … crainte mais, bon, faut ce qu’il faut.

Nous sommes sur le chemin du retour. Et nous entendons les voix d’un groupe des personnes qui s’en viennent et que nous croiserons dans quelques instants. Mais on ne les voit pas encore.

Le connard que je suis pense à une "bonne" blague. Je me cache dans un buisson bordant le sentier et je planifie que … lorsque ceux et celles qui s’en viennent arriveront à ma hauteur, je bougerai les branches du buisson en faisant un grognement imitant un ours, question de les faire freaker. Ensuite, je sortirai de ma cachette en faisant le clown qui déclare : Just a joke !

Mes victimes approchent. J’entends mieux leurs voix …

Mais … oups, parmi leurs mots, mon oreille a capté quelque chose qui ressemble à un … jappement discret. J’ai alors changé complètement d’idée. Fini la joke. Me suis relevé et replacé mon corps sur le sentier.

J’ai croisé mes victimes appréhendées qui tenaient en laisse deux magnifiques dobermans ...

Pouvez-vous imaginer le scénario si j’avais commencé mes grognements dans le buisson ?

Lucky I was …

jeudi 14 janvier 2010

Peut-être ...

J’ai oublié de vous raconter cette petite anecdote de la mi-décembre environ.

Je marche sur la rue Bélanger près de chez moi. Là en avant, un petit garçon. 10 ans je dirais. Il est penché et il flatte le petit chien d’une passante. Mais le petit homme est exubérant. Trop exubérant. L’impression qu’il capote de bonheur à parler au petit chien.

Puis il se lève, la passante repart et le garçon poursuit son chemin, se dirigeant vers moi. Je l’observe un peu en le regardant s’approcher : lunettes plutôt grosses, un sourire vraiment imprimé dans la figure, une démarche un peu clownesque. Je suis persuadé qu’il est légèrement déficient pour prendre l’expression reconnue.

Juste comme nous allons nous croiser, il aperçoit mon visage mais probablement davantage ma tresse de barbe blanche et mon tour de taille. Il s’arrête soudainement et me demande :

« Monsieur, est-ce que c’est vous le Père Noël ? »

Un peu pris de court, je le regarde et je lui réponds :

« Peut-être … »

Le petit bonhomme a poursuivi son chemin, heureux, et a commencé à chanter ... Les anges dans-han nos campagnes ...
.
Pour vous dire la vérité, j’étais heureux moi aussi …

jeudi 26 novembre 2009

Quel timing !

D'écouter ce soir Les années Derome à Radio-Canada et y entendre Claude Charron parler de ses premiers joints dans les années 70. Vraiment, ça m'a fait sourire ...

mercredi 25 novembre 2009

Jim et Bertrand : yesssssss !

C’est ce cher Gérard qui ne fait re-plonger dans mes souvenirs avec son commentaire relatif à Bertrand Gosselin. Le partenaire de Jim Corcoran pour ce duo de guitaristes fort apprécié dans les années 70 et qui était connu avec le nom simplifié de … Jim et Bertrand.

Un soir en 1974 ou 1975. Ça se passe au Centre sportif de l’Université de Montréal. Le show se nomme «Solidarité Québec-Chili» dans les années suivant le renversement de Salvador Allende, le président communiste assassiné du Chili. La cause est bonne, mettons …

Bien placé sur le plancher, assis à une table ronde avec des amis. Et les estrades en arrière, pleines comme il se doit.

Le premier artiste, un poète chilien avec sa guitare, qui nous chante une complainte en espagnol. Pas fort mais bon, c’est pour la cause et on applaudit poliment ses deux tounes.

La deuxième prestation, c’est pour eux que j’y suis. Me rappelle pas le nom mais ils sont quatre (dont deux québécois) et ils jouent du stock que j’aime. Les ai vus deux mois auparavant dans un bar de l’Annonciation dans les Laurentides. Ils jouent du Crosby Stills Nash and Young et du Jethro Tull et ils sont magnifiques. J’adore.

Leur première chanson jouée, j’exulte … mais pas la foule qui émet même quelques huées. Kessé ça ? Je comprends assez vite cette réaction : ils chantent en anglais. Les « chou » se poursuivent pendant la deuxième chanson, je suis en tabarnak, et le band arrête le son et sort de scène. Je ne le prends pas : ces gars-là sont venus offrir leur musique bénévolement pour la cause et ils se font virer de la sorte …

Et arrive le MC Raymond Lévesque. Le grand poète (un peu) tata qui se permet quelques blagues sur les anglais … avec la foule qui veut bien rigoler. Ma température monte. Je me lève et je hurle des « Ta gueule » à Lévesque. Mes amis sont inquiets et me font signe de me calmer. Je suis tellement fru (même si l’expression n’existait pas à l’époque).

Puis arrivent Jim et Bertrand. Réception archi-chaleureuse de la foule que vous pouvez imaginer avec son lot de « révolutionnaires » pro-communistes-étudiants-libérateurs de peuples-etc. Après tout, c’est le show Solidarité Québec Chili …

Et les deux magnifiques bardes amorcent leur prestation avec leur grand tube qui s’intitule … Comme Chartrand. Voici les paroles …

Il a le front rond comme une ampoule.

Il a les yeux verts,

Ouverts sur les autres.

Il a une gueule

Comme Chartrand.


Il a une peignure en parachute.

Et puis une (maîtresse)

Entre parenthèses.

Il a une gueule

Comme Chartrand.


Il fume du tabac et cetera.

Il met ses principes

Sur une corde à linge.

C’est un bon citoyen:

Maoïste, léniniste,

Trotskiste, felquiste,

Qui se crisse

De tout, tout, tout…


Vous dire à quel point j’ai orgasmé d’entendre Jim et Bertrand livrer ces mots magnifiques et de ressentir le gros malaise dans la foule d’endoctrinés devenus gagas et tatas. Et moi de hurler avec eux dans le refrain : Maoiste, Léniniste, Trotskyste, Felquiste qui s’crisse de tout tout tout tout tout.

Mes amis qui secouent la tête devant mon exubérance. Ma joie immense mais surtout ma totale admiration devant le guts et le courage de Jim et Bertrand qui ont décidé de narguer cette foule de conards qui venaient tout juste d’insulter des musiciens qui n’avaient pour défaut que la langue anglaise.

J’étais repu après cette chanson. Sourire imprimé dans la face. Assez pour finir la soirée et ne pas (vraiment) me rappeler des autres artistes.

Jim Corcoran et Bertrand Gosselin, merci encore …

vendredi 23 octobre 2009

Un courriel magnifique

Au mois de mars dernier, sous le titre Ado Rouge, je vous racontais comment le prof Roger Geaniton s’était payé ma tête à la cafétéria devant mes ami(e)s avec une blague sexuelle. Ce prof de français, un poète haïtien ayant fui le régime Duvalier, était adoré des élèves. J’avais rougi pas à peu près lorsqu’il avait mentionné un (faux) proverbe haïtien qui disait qu’on mange comme on fait l’amour, moi qui venait d’avaler mon dîner comme un glouton.

C’était il y a … 40 ans ! Je vous transmets in extenso le courriel que j’ai reçu hier matin. Ça me les a sciées et j’étais très ému. Voilà ce que j'ai lu :

"Quel plaisir de savoir par l'article sur un professeur de français dans les Laurentides dans les années 60-70, que je suis encore présent dans le coeur des élèves de l'époque qui sont aujourd'hui des adultes consommés.

Je dis à l'auteur de ce texte que Roger Geaniton est toujours bien vivant, bien qu'il soit un retraité du système des Nations Unies partageant sa vie entre Paris et la Floride.

Il avait laissé le Québec en 1973 pour occuper de hautes fonctions à l'UNESCO à Paris. Restant très proche du cénacle littéraire des écrivains parisiens, il a publié au fil du temps, près d'une vingtaine d'ouvrages et collaboré à des journaux et revues... (Voir sur Google la liste des ouvrages en tapant tout simplement Roger Geaniton).

Par ailleurs, je félicite Planète-Québec que je viens de découvrir tout à fait par hasard. La présentation est excellente. Bonne continuation.

Roger Geaniton, un Québéquois de coeur"

dimanche 2 août 2009

Le massacre

Vendredi, dans l’antre de la rue Jarry, la discussion tournait autour des « indiens » qu’on peut rencontrer à l’occasion dans les villages éloignés de la Côte Nord, du Lac Saint-Jean ou de l’Abitibi. Des histoires diverses dans les bars ou les camps de chasse. M’est alors revenue cette anecdote qui s’est déroulée ici même à Montréal dans les environs de 1973.

Je suis étudiant à l’université de Montréal. Pour défrayer les coûts du logement, je cohabite avec mon ami Pierre et la belle Janie Pachanos, son amie de cœur, une superbe Crie qu’il vient tout juste de ramener de Fort-George à la Baie James.

Mettons qu’à 20 ans, quand t’es une fille Crie, que tu viens de Fort-George et que t’arrives à Montréal, ça peut être assez impressionnant. Comme un pas de géant à franchir. Janie Pachanos parlait cri et anglais et ne sortait que très rarement de la maison. L’univers, elle le connaissait surtout via la télé qu’elle dévorait avidement quand nous ne regardions pas les postes français.

C’était en après-midi je crois. Pierre était absent et j’arrive au salon où Janie, évidemment, regardait sa télé avec un bol de croustilles. À une chaîne anglaise, évidemment, c’était un film western en noir et blanc.

Assez rapidement, comme dans tout bon western de l’époque, des indiens arrivent dans le film et je vois que Janie est très très concentrée sur l’histoire, les yeux rivés raide sur l’écran, tout en grignotant ses croustilles. Vous voyez l’image, n’est-ce pas ?

Soudain, la fatalité : l’armée de blancs qui arrivent avec leurs fusils et qui massacrent littéralement tous les indiens du village, hommes femmes et enfants, comme dans tous les westerns de cette époque où, la rectitude politique, on ne savait pas ce que c’était.

Mais Janie dans le salon est totalement pétrifiée. « Oh No ! Oh my God ! They can’t do that ! ». Les yeux grand ouverts, la bouche en O, elle se cache même partiellement le visage pour ne pas tout voir de cette horreur. Exactement comme si la chose était un reportage plutôt qu’un film.

Et moi, le descendant de ces blancs monstrueux assassins, je suis assis là, à côté d’elle, la petite indienne fraîchement arrivée du Grand Nord, qui pleure à chaudes larmes devant cette injustice.

Lui dire : «Come on, Janie. It’s just a movie» ? Non. Me suis levé, lui ai doucement touché l’épaule et je suis allé faire autre chose ailleurs dans la maison.

mercredi 29 juillet 2009

Trip d'hôpital

(écrit à l’hôpital)
11h 15, j’arrive au 5ième étage. On m’assigne la chambre 555 où je constate la présence d’une belle haitienne dans la quarantaine qui jase avec sa vieille maman.

L’infirmière arrive, test de sang, prise de pression et questionnaire général sur ma personne. Tout ça complété, il est à peine 11h 30 et l’infirmière m’avise qu’on viendra me chercher vers 14h 15 pour l’opération. QUOI ?

Presque trois heures d’attente (calculées et voulues) ? Je me calme illico, sachant que je serai revenu chez moi vers 18 heures. Mais quand même !

Passer le temps. Pas évident. Je prends mon livre de poche « Une saison sur la terre », une belle histoire que m’a expédiée le cousin Michel d’outre-mer. Mais la lecture n’est pas facile mes amis : mes deux voisines haitiennes se mettent à placoter en créole. Hou la la ! Impossible de lire. M’en vais me ballader sur l’étage, les fesses quasiment à l’air sous ma jaquette.

Soudain me vient une idée géniale. Pourquoi ne pas profiter de cette opération dans le bas du ventre pour me faire une lippo-succion et m’enlever une bonne partie de cette graisse inutile ? J’en ai parlé à l’infirmière : elle a souri et m’a suggéré de faire ma demande directement au médecin qui va m’opérer. Je vais y songer une deuxième fois.

(écrit le lendemain à la maison)
Finalement, c’était pas si effrayant. Descendu sur mon lit au troisième étage. Impressionnant quand même d’entrer dans la salle d’op, avec tous ces professionnels casqués, gantés et masqués.

Plogué, on m’appose le masque et même pas le temps de compter un chiffre : black out.

Réveil bizarre ! Je suis encore dans la salle d’op. Comme un réveil durant un rêve étrange. Les docs, techniciens et infirmières s’affairent ça et là. Je demande : « C’est fini ? ». On me le confirme et on m’amène à la salle de réveil.

Deux heures plus tard, la blonde-rousse me ramène au domicile.

Kliss de gros pansement sur ma … grosse bedaine. Ça fait mal un peu quand je me lève, ou m’asseoit, mais c’est endurable. On m’a prescrit un anti-douleur qui, m’a-t-on prévenu, entraîne la constipation. Calvaire ! Je vais m’en passer : tu prends l’anti-douleur, tu constipes et tu te ramasses sur le bol de toilette à forcer pour avoir encore plus mal. J’la comprends pas celle-là !

FA que, c’est ça qui est ça pour le blogueur. Convalescence.

Merci pour votre attention et vos souhaits. On dirait que c’est pas mal mieux que … l’anti-douleur. Plus efficace à tout le moins.