Robert Charlebois célèbre cette année son cinquantième
anniversaire de vie artistique. La
grande parade dans les médias et les performances dans les grands évènements
musicaux sont commencées.
D’entrée de jeu, je vais l’avouer : je suis un fan
totalement fini de Charlebois. Vers la fin des années 60, quand le ‘’disque’’
Lindbergh est sorti, ma folie de fin d’adolescence aidant, j’étais totalement
en amour avec ce grand artiste qui canalisait si bien mon émancipation
naissante et celle de mon peuple.
Et en septembre 70, à mon arrivée définitive en ville, j’étais
là à la Place des Nations pour son show au retour de France après sa nomination
pour LA chanson française de l’année, la sublime Ordinaire. Notre fierté collective
n’avait d’égal que notre immense amour de ce gars de chez nous …
Des ‘’disques’’ totalement renversants ont suivi et je bavais
de bonheur en écoutant ces tubes qui m’inspiraient tellement.
Bon ! Les années ont passé et notre Charlebois n’a évidemment
pas tenu le haut du pavé. La ferveur populaire s’est déplacée vers d’autres
artistes et le fringant Charlebou prenait aussi de l’âge. Et ses tounes ne m’électrisaient
plus comme avant. Et quelques dérapes médiatiques ne l’ont pas aidé non plus.
Me souviens que le Swing Charlebois Swing ne m’avait pas vraiment ému. Son
succès financier dans le monde brassicole, choquant pour certains, ne m’a pas
vraiment fait bouder l’artiste que j’aimais tant.
Non. Ce qui m’a vraiment déçu de Robert Charlebois, c’est qu’après
ses années triomphales, il n’a vraiment jamais reconnu médiatiquement l’énorme,
ÉNORME, importance des auteurs qui ont écrit les textes de ses chansons les
plus populaires.
D’accord, le sieur Claude Péloquin a piqué sa crise il y a
quelques années en hurlant que sa plume pour Lindbergh, California et quelques
autres de ses textes n’était pas vraiment mentionnée par Charlebois dans ses
entrevues. Mais l’égo du poète, tellement immense, me laissait indifférent.
Sauf que … les plus grands tubes de Robert Charlebois n’ont pas
été écrits par Robert Charlebois. Il en a fait la musique (un mélodiste
extraordinaire) mais les mots, les idées et les thèmes de ses grandes chansons,
il n’en est pas le créateur.
Pensons à Réjean Ducharme, Marcel Sabourin, Bourgeault et d’autres :
les paroles ne sont pas de lui. Même les paroles de l’incroyable Québec Love
(Si j’avais les ailes d’un ange) ont été écrites par … Daniel Gadouas (la seule
de sa vie, sauf erreur). Et … Ordinaire … a été écrit par Mouffe, sa blonde de
l’époque.
Mais oui, Charlebois en a écrit quelques-unes dont ce Joe
Finger Ledoux qui m’a tellement marqué, sans être un tube à l’époque.
Charlebois est avant tout un compositeur-interprète. Mais
oui, on pourrait ajouter le mot auteur à la description. Mais la chose est un
peu amplifiée si vous me permettez.
Et ce qui me déçoit depuis plusieurs années, c’est que l’artiste
n’insiste pas beaucoup dans ses entrevues sur l’apport immense et inspirant de
ces collaborateurs sur la route du grand
succès de sa carrière. Les grandes chansons dont on se rappelle, il en a fait
la musique et les a magnifiquement chantées. Mais il ne les a pas écrites, sauf
quelques-unes moins remarquables.
OK ! C’est une perception personnelle. Mais ce serait
tellement cool qu’il profite de cette année de réjouissances dans sa carrière
pour insister davantage sur l’apport de ses paroliers qui sont, eux aussi, des
artistes et admettre que sans ces mots si pertinents, sa carrière n’aurait pas
été ce qu’elle a été.