jeudi 29 mai 2008

Le show d'un prof

Cegep Ahuntsic 1971. Pour mon cours de français, j’ai opté pour « Essai et genre mineur ». Bizarrement, notre groupe est composé de quelques étudiant(e)s en administration et d’une bande de gars en Mécanique. Méchant mix !

Le prof entre dans la classe pour le premier cours. Me souviens, son nom c’était Rivard. Il pose quelques bidules et cahiers sur son bureau. Il prend une craie et écrit en grosses lettres sur le tableau :

Et l’unique cordeau des trompettes marines
- Guillaume Apollinaire

« Salut. Mon nom est Rivard et c’est moi qui vais vous donner le cours Essai et Genre mineur. Pour l’Essai, pensez à Simone de Beauvoir. Pour le Genre mineur, pensez au Petit Chaperon Rouge ou au Chat Botté.

J’ai écrit une phrase au tableau et j’aimerais que vous preniez quelques minutes pour y réfléchir. Ensuite on en discutera ensemble quelques minutes. »

Que voulez-vous dire d’une phrase semblable ? Je savais qui était Apollinaire, que c’était de la poésie, mais pour le reste …

Je me souviens avoir mis mon grain de sel en disant que ça sonnait musical (!!!). Mais vous auriez frémi d’entendre les gars de mécanique déblatérer contre cette connerie monumentale, cette niaiserie, ce pétage de broue importé de France, cette fiferie et j’en passe.

Mais l’essentiel, c’est que le prof Rivard avait gagné son pari : enflammer sa classe. Ce cours fut l’un des meilleurs que j’ai suivi au niveau collégial. Même les gars de mécanique capotaient sur ce prof. Pensez-y deux secondes : des mécanos qui apprennent les règles de construction d’un conte pour enfants.

Après chaque cours, une demi-douzaine d’entre nous restions en classe pour placoter avec ce damné bonhomme qui nous avait avoué qu’un bon prof se doit d’être un bon comédien pour enseigner la même matière à quatre classes par session, année après année. Et je vous l’assure, je lui aurais accordé un Jutras haut la main.

3 commentaires:

Drew a dit…

Il sont malheureusement trop rares ces comédiens de profs ;-)

crocomickey a dit…

Hélas, il semble que si ...

Zoreilles a dit…

Mais j'ai eu la chance d'en connaître quelques-uns... au primaire, au secondaire et à l'université.

Sur la route qu'est ma vie, ils sont toujours des repères, de véritables phares.