mercredi 2 mars 2011

Ô mes aïeux !

Il y a quelques années, je recevais un document détaillant les travaux de recherche de mon cousin Jean-Marie sur les origines des DANIS en Amérique.

Un récit généalogique magnifiquement écrit qui se déploie au fil des années sur pas moins de 10 générations. Je vous souhaite à tous une telle expérience de lecture, transcendée par l’émotion que génère une histoire qui explique votre présence sur ce coin du globe.

Le 20 juillet 1653, Honoré Danis de Mont-Louis-sur-Loire, recruté par Paul Chomedey de Maisonneuve (mais oui!), s’embarque pour la Nouvelle-France.

Je note parmi les passagers une certaine Marguerite Bourgeoys « …qui doit ouvrir une école pour les enfants des habitants de Ville-Marie ». Les passagers arriveront à destination le 16 novembre, après que le navire se soit éperonné près de Québec, suite à une fausse manœuvre.

Ce cher Honoré, un maître-charpentier et charron (fabricant de charettes) ne l’a pas eue facile.

Marie Bédard, sa première épouse, fut «prise en sa maison», écrit le curé du temps, ce qui signifie violée et tuée chez elle par deux Iroquois. L’acte notarié de l’époque dresse ainsi l’inventaire de ses biens : une jupe de serge de poitou rouge, une chemisette de bazin blanche avec une camisole de serge grise, un tablier de toile fine, une camisole de ratine commune, un méchant(?) matelas de poil et un mortezier(?) ». On ne roulait pas sur l’or !

Honoré reçut néanmoins une terre de Maisonneuve. Et quelle terre! Voisin de celui de Marguerite Bourgeoys, le domaine faisait 2 arpents frontaux par 14 arpents de profondeur.

Aujourd’hui, ce terrain me rendrait automatiquement multimillionaire. Imaginez une bande de terrain entre les rues Chatham et Canning (elles-mêmes entre Guy et Atwater) qui s’étire du boulevard René-Lévesque à la rue Notre-Dame près de la Pointe-Saint-Charles. Pourrai-je un jour faire mon petit autochtone et réclamer «la terre de mes ancêtres» ?

Mon premier ancêtre mourut avec une immense peine dans l’âme. Le mardi 12 juillet 1689, sa fille Jeanne fut violée et assassinée par un jeune iroquois ivre répondant au nom de Teagaragero. Celui-ci fut reconnu coupable par un tribunal mais on le libéra le 4 août, le chef de la tribu iroquoise l’exigeant « sinon, nous nous joindrons aux ennemis des Français ». L’équilibre émotif de l’ancêtre chavira. Effaré, désemparé, on le vit errer dans la ville en s’écriant : «on n’a pas fait justice, Dieu le sait!». En lisant cette parcelle d’histoire, ma cote d’amour pour les Iroquois ne s’est point accrue. Quand on sait que les Iroquois étaient des Mohawks ... qui eux aussi furent massacrés et dépossédés. Je sais, je sais...

Je ne vous ennuierai pas en ramenant l'histoire jusqu’à aujourd’hui. Après tout, il s'agit de MES ancêtres. Je vais quand même ouvrir une dernière parenthèse sur la sixième génération, celle de Pierre Danis et ses cinq fils : Joseph, Moïse, François, Élie et Cyprien. Leurs noms figurent dans un livre du Musée de St-Denis-sur-le-Richelieu parmi quelques 2000 personnes reconnues et authentifiées comme Patriotes.

Vivant dans la région de St-Jérôme, Ste-Scholastique et St-Eustache, ils prirent une part active à la révolution de 1837. Après la reddition, leurs propriétés dévastées, certains d’entre eux furent contraints de se retirer aux États-Unis pour ne revenir que plusieurs années plus tard.

Bien fier de vous avoir présenté quelques-uns de mes ancêtres.

4 commentaires:

Zoreilles a dit…

L'histoire de ta famille (côté paternel) qui va jusqu'à 10 générations avant toi me semble tout aussi passionnante que le sont toutes les histoires de famille. J'adore la généalogie. C'est de l'Histoire avec un grand H après tout, ça nous aide à comprendre pas mal d'affaires.

J'avais celle du côté de ma mère qui remontait jusqu'à leur arrivée en Acadie en 1604. J'ai fait faire par des professionnels celle du côté de mon père dans les années 90 parce que je soupçonnais que les deux familles s'étaient toujours suivies après la Déportation. D'ailleurs, mes deux parents sont nés à Havre-aux-Maisons, comme tu le sais.

Te dire tout ce que j'ai découvert... Le destin identique de mes deux familles... Fascinant. Si je te racontais, tu me croirais pas. Juste pour te dire comment c'est fou, en 1790, à St-Pierre et Miquelon, et j'ai le certificat de mariage de l'époque pour le prouver, (j'ai fait ce bout-là de la recherche moi-même) la même Anne Boudreau, veuve de Jean Poirier a épousé mon ancêtre Turbide, Dominique qu'il s'appelait. C'est la même femme, c'est écrit sur le certificat de mariage « Anne Boudrot, Madame veuve Jean Poirier ». Elle a eu 2 fils avec mon ancêtre Poirier qui s'est noyé en mer et elle a fondé une seconde famille avec Dominique Dithurbide (c'est de même que ça s'écrivait dans le temps).

En tout cas, dans « Mes îles, mon pays », tu sais le gros show à Havre Aubert, vers la fin de la pièce, quand tout ce monde-là quitte St-Pierre et Miquelon pour arriver s'établir aux Iles avec le contingent du curé Allain, moi, c'est pas mêlant, j'étais émue, émue, émue!

Lise a dit…

Grave, grave erreur de ma part Croco, que je dois absolument corriger, c'est indispensable; je me suis trompée concernant les filles du roy (comme quoi la mémoire est une faculté qui oublie), qui n'étaient pas des femmes de "moeurs légères" mais plutôt des célibataires modestes, souvent orphelines, presque toutes du nord-ouest de la France, et désireuses de s'établir ici pour fonder une famille. Ledit roy agissait comme tuteur, en payant leur voyage et leur fournissant une dot lorsqu'elles se mariaient. Voilà ce qui arrive quand on parle à travers son chapeau, on confond avec autre chose. Misère!

Ceci dit le récit de ta généalogie est fort intéressant, et je me souviens pour l'avoir lu chez un autre blogueur, que les Iroquois d'alors ne faisaient pas dans la dentelle, en effet. Tragique ce qui est arrivé, mais on ne peut pas ré-écrire l'histoire.

J'ai cherché le mot mortezier, sans succès. Mystère!

Si tu veux supprimer mon premier commentaire n'hésite surtout pas. Une chance que Zoreilles en a écrit un beau au-dessous...

crocomickey a dit…

Voilà Lise. C'est fait !

:-)

Lise a dit…

Merci Croco, tu es un ange!

:-)