mercredi 29 août 2007

Anonyme dans la foule

Moi, en public, je déconne. Ou plutôt, je déconnais. Par public, j’entends la foule, la masse de monde. Là où personne te connaît, sauf ceux et celles qui sont avec toi. Alors, si tu t’organises pour pas viser et offusquer directement une personne anonyme dans l’entourage, tu fais pas mal à personne. Oubedon tu fais rigoler les alentours (et tes chums), oubedon t’en fais frémir quelques uns qui se demandent c’est qui le conard qui s’énerve.

Je déconnais, ai-je précisé. Parce que je me suis assagi avec les années. J’ai toujours été un bonhomme relativement timide quand JE suis devant les autres. Mais dans une foule, je n’étais plus JE. J’étais anonyme et ça me stimulait.

Genre 1989 approximativement, dans le métro avec ma fille Claude (10 ans), je me mettais soudainement à chanter (hurler) les premiers mots (On m’avait dit que tu …) d’une toune de Patrick Bruel, avec gestes théâtraux à l’appui, pour faire flipper ma belle enfant. Elle s’éloignait rapidement de moi pour ne pas être associée à l’hurluberlu, mais, après m’avoir réprimandé, je percevais nettement son sourire (ou fou rire) un peu complice.

Mes potes d’alors redoutaient toujours nos visites au Forum pour les Canadiens, ou au Stade pour les Expos. Quelle connerie allais-je leur faire subir ? Ma voix de stentor m’appuyait toujours pour débiter mes âneries et rendre mes accompagnateurs inconfortables. Pourtant, dans les jours qui suivaient, ils se faisaient un plaisir de raconter mes élucubrations à qui voulait l’entendre : « Tu croiras pas la connerie de Mickey avec Youppi au stade olympique … ».

Tout ça pour vous narrer mon petit chef-d’œuvre. Au siècle dernier (mettons en 1998), une nouvelle blonde m’accompagne au marché Jean-Talon. Multiples achats de légumes et fruits divers dans l’enceinte hivernale. On s’apprête à sortir, mais voilà que la belle réalise qu’il nous manque des tomates. Je prends tous les sacs et je l’attendrai près de la sortie.

Ya beaucoup de monde (c’est le samedi en fin d’aprem). J’aperçois au loin mademoiselle qui arrive enfin à la caisse pour payer ses tomates. Je tourne la palette de ma casquette sur le côté de ma tête (ce qui me donne un petit air Hillbillies) et je commence à hurler, «Môôômaaaan ! Môômaaaan !» avec les sacs pendant au bout de mes bras.

Les gens du voisinage immédiat ne savent pas trop sur quel pied danser : un grand zarza retardé qui panique ! Mais le grand zarza est plutôt costaud et, sait-on jamais, s’il pogne vraiment les nerfs, il pourrait peut-être devenir violent … Moi , je continues à hurler : «Môôômaaaan ! Môôômaaaan !».

En revenant vers la sortie, Christiane entend les cris désespérés, sans en voir la provenance. Elle s’interroge : c’est qui le malade ?

En arrivant près de la sortie, elle aperçoit enfin l’image du grand débile hurlant. Les yeux lui grimpent au ciel. Découragée, elle me rejoint en faisant des signes aux témoins de ne pas s’en faire. «Enweye à maison kriss de conard !».

Je me souviens très bien avoir ressenti le soulagement dans le regard des gens …

10 commentaires:

L'ex a dit…

hahaha! je fais pareil! Ça rend la vie beaucoup moins morose, il me semble ;-)

crocomickey a dit…

Ma chère Ex ; tu devrais changer la donnée de ton nick puisqu'il nous renvoie à ton ancien site plutôt que le nouveau ...

Et continues à faire la folle en public !!!

L'ex a dit…

Malheureusement, ton blogue n'accepte que les commentaires des membres de blogger...

crocomickey a dit…

Je vais me coucher moins niaiseux ce soir, comme dirait ... ché pas qui !

Doparano a dit…

J,aurais honte sur le coup mais je rirais aussi dans ma barbe parce que j'aime les gens qui sont assez assumé pour vivre leur folie à fond.

Zoreilles a dit…

J'ai ri devant mon écran à t'imaginer en train de paniquer, en criant « Môman », c'était une scène très... cinématographique! Et comme je suis bon public, je suis entourée de gens drôles mais des comme toi, y en a pas assez...

T'es sauté comme un pop corn, Crocomickey!

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

Vivre sans folie, c'est mourir à petit feu non ?

Amourable a dit…

Elle est bonne.
Une chance que tu était dans un endroit civilisé, t'aurait pu faire sortir un orignal avec un cris comme ça.:-)

Véronique a dit…

Papa ?

Hehe.
Mon père aimait m'humilier ainsi quand j'étais jeune. Il aime encore ça. J'ai appris à le trouver drôle depuis !

crocomickey a dit…

@ Véronique

Même TON parc Jarry fut le théâtre de quelques frasques avec mes flôs au début des années 80.