samedi 8 septembre 2007

Pierre Bourgault "live"

On parle de Pierre Bourgault ces temps-ci et de sa "grande amitié" avec René Lévesque. Laissez-moi vous compter mon premier contact avec le phénomène.
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Reportons-nous un dimanche du printemps 1970. Je file vers mes dix-huit ans et je milite. Venant des 102 comtés du Québec, une nuée d'autobus afflue à l'aréna Maurice-Richard pour le lancement officiel de la première campagne électorale du Parti de René Lévesque. La bâtisse est pleine à craquer et des haut-parleurs extérieurs tentent d'apaiser la frustration de ceux et celles qui n'ont pu franchir les tourniquets.
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À l'avant-scène, Jean Duceppe anime et présente un à un les candidats et ''futurs députés'' acclamés par la foule. Quelques heures auparavant, les membres du comté Mercier ont élu leur représentant, un dénommé Pierre Bourgault, qui affrontera l'illustre et honni Robert Bourassa (une défaite assurée pour Bourgault). Le tribun hors pair et parfois incendiaire ne reçoit que des applaudissements polis.
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Les orateurs-vedettes défilent au micro (Robert Burns, Camille Laurin, Jacques-Yvan Morin, Claude Charron) pendant que s'égosille dans un coin de l'aréna un petit groupe qui scande inlassablement :''On veut Bourgault ! On veut Bourgault !''. Le magnifique orateur n'est pas prévu au programme et on sent l'impatience et l'exaspératrion de Jean Duceppe qui, de guerre lasse, fini par promettre quelques mots de l'ex-Riniste.
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L'heure est venue. Bourgault s'avance au centre de la scène. Les applaudissements font graduellement place à un silence qui s'alourdit de seconde en seconde. Que va-t-il dire ? Quel pétard va-t-il allumer ? Son corps est immobile. Seule sa tête bouge horizontalement en scrutant l'auditoire. La tignasse blanche ébouriffée me semble énorme. Et ces longues secondes de silence qui s'écoulent ...

Deux mots. Ce diable d'homme a lancé deux mots. De sa voix forte et percutante, il s'est écrié : '' Pôôôôôôvre Bourassa ! ''. J'ai craqué. Comme les milliers d'autres qui m'entouraient. Vous décrire cette explosion d'allégresse m'est impossible.
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Mais ces premiers balbutiements du PQ me semblent tellement vivifiants quand je les compare aux émotions actuelles. Nous étions jeunes et beaux, rêveurs peut-être, mais notre soupe était riche, brûlante et succulente.

8 commentaires:

Mistral a dit…

http://www.youtube.com/watch?v=7qFZH5PaX4U

SaintePaix a dit…

J'ai assisté à quelques discours de Bourgault et j'ai une infinie admiration pour cet homme. C'était un vrai. Convaincu. Convaincant. Pas un Mario Dumont. Pas un Jean Charest. Pas un Boisclair. Je n'ai jamais rencontré un autre orateur qui ait autant de talent, ni un autre politicien qui disait, comme lui, les vraies affaires!

crocomickey a dit…

@ Mistral : merci pour le lien. C'était un peu plus tard que 1970 mais c'est tout aussi bon ...

@ saintepaix : tu devrais aller voir le lien de Mistral. Ça ne fait que confirmer tes disres.

da Bitch a dit…

J'étais dans les couilles de mon père qui assistait à ces rencontres malheureusement il n'a plus la mémoire pour me raconter ces trucs important...
C'est vrai que votre soupe était plus riche et tout, mais tous les morceaux étaient en places pour faire
ces grands changements. J'aurais aimé être là ça me semblait tellement plus constructif. Merci de rapporter si bien ces événements c'est important pour moi, car l'histoire cachée est plus savoureuse que l'histoire choisie rapporté dans les bouquins.
En passant, ma rencontre avec Bourgault fut sur Mont-Royal et Des Érables ces yeux d'albinos, sa Bmw bleue foncée et ces envies...auxquelles je n'ai jamais répondue par pudeur mal placé!!! Et bien sûr nos multiples rencontre au dépanneur du coin moi petite rebelle aux cheveux rose et lui vieillissant me chicannant en rianr sur les danger de la cigarette! Personnage avec qui j'ai apprécié m'obstiner du haut de mes 17 ans!!!
Buon Dominica

crocomickey a dit…

@ dabitch

Du balcon de l'appart d'une amie, je voyais quelquefois Bourgault sur la terrasse-arrière de son condo sur l'avenue Mont-Royal. C'était lequel ton dépanneur ? Peut-être t'y ai-je déjà vue ... Je travaillais à l'Éco-quartier situé dans le poste de pompiers coin des Érables ...

da Bitch a dit…

Toute les fois que je me suis fait chier avec ses sermon du tabac c'était au dépanneur Opera situé coin Mont-royal et de la rue garnier qui était tenu pas un chinois qui adorait les MScontin je peux aller encore plus loin dans les détails j'ai resté dans les environs durant près de 6 ans avant que la yuppicrowd envahisse et face de cette rue de la merde...
En passant je ne me rappelle pas de l'éco quartier je me rappelle du Val-mont et du metro pres de la caserne il me semble que l'éco quartier était sur une autres rues... genre delorimier

Zoreilles a dit…

C'est bon d'avoir pu, grâce à ton billet, vivre les débuts du PQ, l'ambiance qu'il y avait là, la flamboyance de Bourgault, etc.

Comme René Lévesque, j'ai toujours admiré Bourgault mais il m'a toujours fait peur aussi, pas tellement pour moi-même mais pour les réactions qu'il savait susciter chez les personnes plus âgées que moi, des gens plus modérés, disons. Le peuple du Québec avait besoin d'être rassemblé avant d'être mobilisé.

Je crois que Lévesque a vu plus juste, c'était un grand démocrate qui avait tout compris de nous. Bourgault et lui, ensemble, auraient fait une équipe du tonnerre mais hélas, le cheval rétif qu'était Bourgault aurait pu nuire aux destinées du PQ, c'est ce que croyait René Lévesque, à tort ou à raison.

Pour moi, Bourgault restera toujours un grand orateur, un formidable communicateur mais Lévesque demeurera toujours le plus grand rassembleur qu'on ait connu.

crocomickey a dit…

@ Zoreille : C'est pas compliqué pour moi, dans ma vie, MON idole c'est René. Point final ...

@ Da bitch : Éco-quartier était vraiment dans l'immeuble des pompiers, juste à côté de Valmont. Et ton invasion de yuppies, d'après moi, elle n'a pas encore atteint ce coin du Plateau. À l'est de Papineau, c'est encore sympa ...