jeudi 6 mai 2010

Octobre, la crise

Cette anecdote est authentique, je vous l’assure.

Je vous ai déjà dit que j’étais arrivé à Montréal en septembre 1970 pour les études collégiales. J’arrivais de Labelle dans les Laurentides et je créchais chez tante Jacqueline (salutations à mes cousins Phil et Pat).

À peine un mois de passé dans cette ville qui m’excite au max et arrive ce début de la célèbre Crise d’Octobre où des membres du Front de Libération du Québec (le FLQ) kidnappent l’attaché britannique James Richard Cross. Enfin, je suis là, en pleine action dans la ville même du drame. Le ti-cul de la campagne est fortement impressionné.

Le weekend arrive et je monte à Labelle où j’en parlerai à mes parents, mes sœurs et mes chums. « Heille ! J’étais là ! Vous pouvez pas savoir comment c’est hot en ville ! ».

Samedi pm. Je jase avec Mom de la situation et je dis à Cécile : « J’comprends pas le FLQ d’avoir kidnappé un britannique. Moi à leur place, j’aurais ramassé Pierre Laporte. Lui c’est un vrai crosseur ! »

Faut dire qu’à cette époque, le sieur Laporte en question était Ministre du Travail dans l’équipe de Robert Bourassa et qu’il avait fort mauvaise réputation allant de favoritisme exagéré à collusion avec le crime organisé. Bref, je le détestais.

Quelques heures plus tard, je revois clairement la scène. Je suis dans la salle de bain à me brosser les dents. La porte est ouverte et donne sur la cuisine où Cécile vaque à ses occupations. La radio grise sur le dessus du refrigérateur nous annonce soudainement :

« Mesdames, messieurs. Il semble que le Front de Libération du Québec vient de procéder à un deuxième enlèvement. Il s’agit du Ministre de travail, Pierre Laporte, qui a été enlevé devant sa résidence sur la Rive-Sud de Montréal ».

Je me souviens très bien avoir figé en entendant cette nouvelle. Mais je me souviens davantage du regard ravagé et inquiet de ma mère qui me regardait avec effroi, croyant que ma récente « prédiction » se voulait le signe d’une association quelconque avec les malfaiteurs.

Non, Cécile ne m’a pas fait de crise mais j’ai dû utiliser tous mes talents et toute ma persuasion pour la convaincre de ma totale innocence. J’imagine encore ses craintes dans les jours qui ont suivi mon retour en ville …

5 commentaires:

TaLou a dit…

Elle m'envoie un message pour toi: « Maudit grand tata!»

S'cusez-la!

:)

crocomickey a dit…

Si elle te re-contacte, donne-lui mon courriel ...

:-)

TaLou a dit…

Maman est beaucoup trop virtuelle pour s'abaisser à envoyer des courriels...

Elle m'a parlé tout doucement à l'oreille...

:)

Zoreilles a dit…

Ahhhhh... Trop beau, cette discussion frère-soeur au sujet de votre maman Cécile...

Rien à dire après ça...

(soupir)

Barbe blanche a dit…

Une grande époque, au moin, il s'y passait quelque chose...