lundi 10 mars 2008

BACCHANALE

Ouf ! Mercredi dernier, avec la grise-blonde qui en connaît pas mal sur l'art de servir, nous sommes allés voir cette BACCHANALE d'Olivier Kermeid, mise en scène par Frédéric Dubois.
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C'est la présence de Michelle Rossignol (la - toujours - rousse au centre) qui m'a attiré vers ce spectacle. Me semblait-il qu'elle n'avait pas monté sur les planches montréalaises depuis mon adolescence, bien installée dans sa chaire de fonctionnaire fédérale du théâtre à Ottawa. Je vous rassure : la dame n'a rien perdu de son chien et de son mordant.
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Au Théâtre d'Aujourd'hui, en plein Plateau. Faune relativement jeune en cette soirée floconneuse. C'était ma pemière visite dans cette salle et ma première surprise de la soirée: une salle moderne, favorisant le rapprochement avec 200 spectateurs maximum. Le bar au mileu et nous tous autour. Une vraie arène quoi !
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BACCHANALE, ce sont six serveuses qui se préparent pour l'ouverture de cette soirée spéciale dans leur bar : la soirée d'initiation des étudiants en Génie. J'aurais dû écrire 5 serveuses et la propriétaire, mais en analysant leur niveau du langage, elles se ressemblent toutes et vivotent dans l'est de Montréal. De là à établir un parallèle avec l'univers de Tremblay, il n'y a qu'un pas et ... je le franchis allégrement.
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Une heure quinze minutes sans interruption. C'est court, me diriez-vous. Mais il ne fallait pas en ajouter pour éviter la redondance. Dans cette chapelle de la barmaid, les couteaux volent bas. Et le langage aussi. Les filles se surveillent, se critiquent, se détestent, se jalousent et en veux-tu en v'là ! Mais aussi, à l'occasion, une fois isolée par la lumière d'un spot du plafond, elles expriment, chacune à leur tour, dans une langue plus poétique, leur origine, leur mal de vivre et le paradis où elles espèrent arriver ... peut-être ... un jour.
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Des trouvailles techniques avec les décors comme ces grands rideaux diaphanes qui tombent du plafond pour isoler le bar et le placer dans les nuages. Ou ces trombes d'eau (pour vrai) qui viennent arroser les girls sur les quatre coins du bar avec quelques éclaboussures chez les spectateurs ...
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La finale n'est pas triste. Pas joyeuse non plus. Après avoir éjecté le dernier client-mâle-saoul de la place, les filles, brûlées, n'aperçoivent point le nirvana. Mais elles sont criantes de la réalité des années qui viennent avec les roulettes du hasard, les boucanes évacuées et l'aseptisation de l'amour.
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En marchant vers la sortie, j'ai entendu un père répondre à sa fille : "C'était, euh ... délirant ?". Me suis retourné pour rétorquer : "C'est le moins qu'on puisse dire !".
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Parlant de délire, que serait une pièce de théâtre sans délire ? Tout simplement une platitude !

6 commentaires:

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

Tiens, tu me donnes l'envie de relire mon Thésaurus de Tremblay (un assemblage de ses chroniques du Plateau Mont-Royal, dont La grosse femme d'à côté est enceinte ; Thérèse et Pierrette à l'école des Saints-Anges ; La duchesse et le roturier ; Des nouvelles d'Édouard ; Le premier quart de la lune et enfin, Un objet de beauté... Pour faire suite à mes observations sur ton article précédent, je vais de ce pas enfiler ma jaquette de flanellette et me recroqueviller près du feu, Thésaurus en main... Voilà ce que ta Bacchanale a suscité et je t'en suis vivement reconnaissante, à toi et à ta belle grise-blonde itou ! :-))) En fait, si j'étais à Montréal, je ne raterais pas cette pièce pour tout l'or au monde ! Mais je crois qu'elle prend fin bientôt et je ne serai à Montréal qu'en avril (with a little luck, that is!)... En passant, chapeau à Michelle Rossignol qui sait VRAIMENT comment incarner un personnage ! :-)

Zoreilles a dit…

Si j'étais à Montréal, à lire ton dernier billet, j'aurais accouru voir cette pièce. C'est rare mais il m'arrive de me sentir loin...

Michèle Rossignol, quelle comédienne de talent. Une autre qu'on ne voit plus, qui a troqué la pratique régulière de son art pour quelque chose de plus stable. Peut-on l'en blâmer?

Anonyme a dit…

@ Rosie,

je sais que tu le sais, mais Michel Tremblay est le seul auteur Québécois à avoir "son" Thésaurus. J'ai tous ses livres, étant une inconditionnelle , mais je n'ai jamais vu ses pièces de théâtre. Grave lacune, qui m'aurait permis de voir un autre aspect de son talent.

Anonyme a dit…

@ Rosie

j'ai LU tous ses livres, voulais-je dire, mais ne les ai pas tous. Deux petites lettres changeant toute la signification...

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

@ Lise : non seulement ai-je aussi eu le bonheur de lire tous ses livres et de voir la plupart de ses pièces, j'ai également interprété le rôle de Rose Ouimet dans Les Belles-Soeurs. Et même s'il ne s'agissait que de théâtre amateur, j'estime avoir eu beaucoup de chance de vivre cette expérience inoubliable ! Quant à ton observation, tu as bel et bien raison : Michel Tremblay est le seul auteur québécois a avoir son propre Thésaurus. En passant, mon "q" est en caractère minuscule puisqu'à mon humble avis, l'adjectif s'écrit ainsi tandis que le nom (par exemple : un Québécois) prend une majuscule... ;-)

Anonyme a dit…

Rosie,

Merci pour l'observation, c'est ma fôte... d'ortografe. Ça m'arrive souvent aussi avec les consonnes ( doubles où non ? ), et je dois vérifier dans le dictionnaire.

Lise