mercredi 10 octobre 2007

L'habit de noces

Au début de l’été 2006, je me suis offert une escapade de quelques jours chez des amis de longue date bien installés dans leur superbe coin des Hautes Laurentides, un peu au nord de Tremblant
.
Gisèle et Hervé ont résisté à l’appel de la grande ville et ont bâti l’essentiel de leur existence au-delà de l’effervescence touristique commerciale qui s’étend désormais jusqu’à Tremblant.
.
Parmi les centaines d’anecdotes échangées durant la première journée, Hervé me pousse la suivante qui, vous l’admettrez facilement, relève du cauchemar éveillé.
.
Durant une quinzaine de mois, suivant la vieille théorie du bas de laine, Hervé avait pris l’habitude d’aller déposer, occasionnellement, un ou quelques billets de banques bruns dans la poche intérieure de l’habit de noces de son paternel, remisé tout au fond de la penderie du grenier.
.
En cachette évidemment, sans que personne de la maisonnée n’en ait la moindre connaissance. Pour un projet futur quelconque, surprise en sus, m’a-t-il confié.
.
Un beau matin de printemps, Gisèle s’impose une corvée : elle fera le tri des vêtements de sa bande et ira en faire donation au comptoir vestimentaire du village, une organisation associée au méga-groupe national Renaissance. Vous me voyez venir?
.
Oui, l’habit de noces fut sélectionné et ... non, elle n’en a pas vidé les poches. Quelques jours plus tard, en allant faire le «dépôt» suivant, Hervé constate qu’un important vêtement a disparu. Accélération du rythme cardiaque et retour pressant dans la cuisine. «Gisèle! Où c’est qu’t'as mis l’habit de noces de mon père?».
.
Constat rapide de la situation, saut immédiat dans la voiture qui fonce en direction du comptoir vestimentaire.
.
Désolation! L’expédition des surplus au centre de Montréal s’est faite la veille et l’habit recherché n'est malheureusement pas sur les présentoirs locaux. Appel frénétique à Montréal qui confirme, le lendemain, que les recherches se sont avérées vaines.
.
On parle ici d’une cinquantaine de billets bruns. Je vous laisse effectuer le calcul et imaginer le désarroi et le découragement qui en est résulté.
.
Début de l’été 2007, avec ma fille, je suis retourné bénéficier de l’hospitalité de mes amis laurentiens qui, de leur côté, ont pu savourer l’exceptionnel carbonara que nous leur avons mijoté. Je vous livre ci-après, la conclusion du cauchemar.
.
À la mi-février, donc dix gros mois après la gaffe involontaire, téléphone de la dame du comptoir qui demande à Gisèle de passer faire un tour. L’habit de noces étant confectionné en laine et donc très chaud, un bénévole local l’avait placé dans une boîte qui fut remisée pour l’hiver suivant.
.
En la déballant ce matin de février, la dame s’est souvenu. «Je n’ai pas fouillé, mais j’ai tâté et je crois qu’il y a encore quelque chose».
.
Pouvez-vous maintenant imaginer la tête de Hervé au retour du travail, quand il a aperçu la relique accrochée au bureau dans la chambre à coucher?
.
Quand le hasard fait bien les choses, clame le vieux dicton. Bien sûr que le comptoir et la dame ont reçu une généreuse donation en liquide.
.
En ces temps de commandites scandaleuses, la droiture et l’honnêteté de cette dame n’en sont que plus admirables.

13 commentaires:

Doparano a dit…

C'est vrai qu'on est toujours surpris de constater qu'il reste encore des gens honnêtes sur cette terre. Tout le monde est tellement individualiste.

Ça me réconcilie avec l'être humain.

Je suis curieuse, mais quel était le projet secret pour quoi devait servir les beaux bills de 100$?

crocomickey a dit…

Sauf erreur, me semble-t-il que c'était un super séjour dans une île du sud quelconque...

Anonyme a dit…

Bonjour Michel,

il y a beaucoup de gens honnêtes, ce qui n'enlève rien au geste de la dame. Je crois, malgré tout, à la bonté de la nature humaine. Le problème c'est que, si on écoute les nouvelles, la vision de notre merveilleuse espèce est loin d'être plaisante. Ceci dit, je peux très bien imaginer le désarroi (sans parler du sentiment de culpabilité) de ton amie Gisèle, suite à sa "gaffe" involontaire. Tout est bien qui finit bien parfois !

Et ce serait une bonne idée, saut du coq à l'âne, de nous donner cette fabuleuse recette de sauce Carbonara. Je crois, d'après tes textes, que tu la réussis à merveille. J'adore les pâtes (je suis une Italienne ratée), j'en mangerais tous les jours. Pourquoi ne pas partager cette recette avec tes lecteurs ?

crocomickey a dit…

@ Lise

Je l'ai déjà détaillée la recette du carbo dans ma chrobique de Planète québec à cette adresse :

http://planete.qc.ca/micheldanis/micheldanis-1132001-26009.html

Buon appetito

Anonyme a dit…

Merci pour le lien Michel,très apprécié de la part d'une gourmande.

Valou a dit…

Ça fait du bien de constater qu'il y a encore des gens honnêtes dans ce bas monde.

Mais pourquoi les cacher à cet endroit ? Et surtout, pourquoi ne pas avoir parlé de la cachette en question à sa conjointe ? Ça lui aurait sûrement évité de gros maux de tête :-)

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

J'ai tout simplement adoré cette histoire et suis heureuse d'apprendre que cette bonne vieille Terre abrite toujours des gens honnêtes ! :-)

crocomickey a dit…

@ Machavalou

Pour la surprise tout simplement.

Anonyme a dit…

La recette de carbonara est datée du 11 mars, 2001. Je me demandais pourquoi je ne l'avais pas vue. à l'époque, je ne connaissais pas Planète Québec, et je n'ai pas lu toutes les archives (sauf celles du blogue). En tout cas elle est imprimée, et je vais l'essayer avec des visiteurs qui n'ont pas la hantise du cholestérol.

Bon, temps de retourner à la vraie vie. C'est rendu que je déjeune en lisant mes blogues préférés. Ça commence à être inquiétant!

TaLou a dit…

Trop drôle! Dans mon examen d'entrée à l'INIS, j'ai imaginé exactement cette histoire à la seule différence près que ce n'était pas de l'argent content mais un billet de lotterie gagnat de 22 millions de $ que la fille a caché dans un vieux manteau d'hiver car elle ne voulait pas que sa famille vire sur le capot et perde le vrai sens de la vie. Maiss voilà que son amoureux pour lui faire plaisir alors qu'elle est à un souper avec une grande chum, décide enfin de faire le ménage du sous-sol qu'elle lui demande de faire depuis six mois. Bien sûr le vieux manteau se retrouve chez une organisation pour venir en aide aux démunis...

crocomickey a dit…

Mais moi, ce n'est pas pour l'INIS et c'est même pas une histoire, c'est vraiment arrivé !

Zoreilles a dit…

Quelle belle histoire, Crocomickey! Comme tu la racontes bien. Oui, c'est un baume pour nos p'tits coeurs chaque fois qu'on se rend compte que le monde est bien meilleur que ce qu'on peut percevoir quand on écoute ce qu'en disent les médias.

Les gens heureux n'ont pas d'histoire... les gens honnêtes non plus, faut croire!

Merci à toi.

TaLou a dit…

Je ne doute pas une minute que ton histoire soit vraie.

C'est justement à cause de ça que je trouve le tout fascinant(toi=vrai, moi=fiction) .